Washington a beaucoup à perdre dans une guerre commerciale avec Pékin

La Chine a plus d’un atout de son côté dans le bras de fer commercial qui s’ouvre, souligne la presse américaine. Aux États-Unis, les secteurs agricole et manufacturier risquent d’en faire les frais.

 

“Les États-Unis et la Chine peuvent-ils éviter une destruction commerciale mutuelle ?” se demande ce 5 avril The Washington Post. Après l’annonce américaine de l’augmentation des tarifs douaniers sur certains produits chinois le mardi 3 avril, et la réponse proportionnée de Pékin mercredi, la presse d’outre-Atlantique met en avant les risques pour la première puissance économique du monde. Et souligne que la Chine a d’importantes cartes en main.

“Le fait est que la Chine a beaucoup d’atouts, notamment sa capacité à semer la division au sein des États-Unis, comme elle l’a déjà fait en menaçant d’imposer des tarifs douaniers sur les produits fabriqués dans des régions pro-Trump, écrit le Washington Post dans son édito. La Chine a aussi l’avantage d’être plus satisfaite du statu quo que l’Amérique.”

“Pas tort d’essayer”

 

De son côté, le président Trump n’a pas offert de “vision claire et constructive” des réformes qu’il souhaite. Certes, reconnaît le quotidien, les griefs américains envers la politique commerciale mercantiliste de la Chine sont légitimes. Et vu l’échec des précédents gouvernements dans leurs tentatives d’obtenir des changements de la part de Pékin, “M. Trump n’a pas tort d’essayer une approche plus dure”.

Cependant, ajoute le Post, “on ne sait pas bien quelle est en définitive la demande du président à la Chine. Ses hauts conseillers auraient proposé qu’elle réduise ses droits de douane sur les automobiles américaines […] et ouvre son marché des services financiers ; mais rien de tout ça ne réduirait ‘substantiellement’ le déficit commercial bilatéral, comme l’exige Trump.”

“L’idéal, estime le journal, serait une solution négociée” avant l’entrée en vigueur des tarifs douaniers annoncés par les États-Unis sur quelque 50 milliards de dollars d’importations chinoises. Ceux-ci ne seront pas effectifs avant le 22 mai, les entreprises américaines pouvant jusqu’à cette date faire entendre leurs arguments à Washington. Le principal conseiller économique de Trump, Larry Kudlow, a d’ailleurs laissé la porte ouverte mercredi en déclarant que la menace de tarifs douaniers n’était “qu’une première proposition”.

Le Wall Street Journal est également préoccupé. “Les dommages potentiels [des représailles chinoises] sont importants. […] Les investisseurs ont raison d’être inquiets”, écrit le quotidien conservateur alors que les marchés financiers ont tangué mercredi. Parmi les secteurs ciblés par Pékin figurent le soja et l’aéronautique, deux marchés où “les États-Unis sont le premier producteur du monde et la Chine le premier importateur”. Celle-ci pourrait se tourner vers les concurrents des États-Unis : l’européen Airbus pour les avions, l’Argentine et le Brésil pour le soja.

Conclusion de l’éditorial :

La meilleure solution pour les deux parties serait de conclure un accord avant que les tarifs douaniers n’entrent en vigueur.”

Risques pour les producteurs américains

 

Ce sont les producteurs américains qui pourraient faire les frais d’une guerre commerciale, souligne enfin un article du New York Times. Washington a cherché à préserver ses consommateurs en ne ciblant pas des produits de base importés de Chine (chaussures, vêtements) et en épargnant globalement les smartphones.

Toutefois, “en protégeant les consommateurs, M. Trump a placé les producteurs – dont il s’est fait le champion – en première ligne dans une potentielle guerre commerciale mondiale. Si les mesures sont maintenues, ainsi que les représailles chinoises, elles pourraient être fatales à la reprise de l’activité manufacturière, qui commence seulement à trouver son rythme.”

 

 

Gabriel Hassan

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