Bivouac sous les étoiles

Après une journée de marche entre les dunes de Mghalig et Dakhlite Ould Mohamed Lemine, l’heure est au repos.

 

Deuxième bivouac, premières ampoules. Pieds nus et meurtris, je me laisse choir sur le sable. J’ai mal et j’ai faim. Deux pansements, une poignée de dattes, et me voilà revigoré. J’observe le bivouac prendre vie et la nuit tomber. Pendant que l’on dresse les tentes, des étoiles montent dans le ciel qui tente en vain de retenir le bleu. Les dromadaires, délestés de leur chargement, broutent au fond de l’oued asséché.

Comme hier soir, les chameliers et le guide ont choisi d’installer le campement sur du sable blanc, synonyme de pureté et de propreté. Encerclé par quelques acacias rachitiques, de l’herbe à chameaux et de petites protubérances sableuses, notre campement présente les trois caractéristiques indispensables aux yeux des pasteurs nomades du Sahara : un abri contre le vent, une surface plane pour les tentes et de la nourriture pour les bêtes. Faute de quoi on se réveille le lendemain, gelé, perclus de courbatures et sans montures.

C’est l’heure du thé à la menthe, «la boisson nationale du Sahara, une passion, presque un vice», comme l’écrit Théodore Monod dans ses Méharées. Par trois fois, jusqu’à ce que les braises du foyer s’éteignent, nous boirons l’atay, «le premier amer comme la vie, le second doux comme l’amour, le troisième suave comme la mort», précise Yeslem. La nuit est tombée et le froid mord dès que l’on s’éloigne du foyer. On avale en silence une soupe de tomates tandis que mijote dans une marmite un riz au mouton et que sous le sable recouvert de braises cuisent des kessera, des galettes traditionnelles que l’on appréciera au petit-déjeuner. À tour de rôle, nous alimentons le feu pour préserver un peu de chaleur. Un dernier thé bu cul sec comme les précédents. C’était le troisième, la note suave avant de rejoindre nos sacs de couchage et le marchand de sable.

 

 

Jérémie Vaudaux pour A/R

 

 

Source : Libération – Le 18 janvier 2018

 

 

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