
En décembre 2016, Joseph Kabila avait conclu “l’accord de la Saint-Sylvestre” avec l’opposition, prévoyant la tenue d’élection pour la fin 2017. Mais il ne s’y est pas tenu, et un an après l’échéance de son mandat, il continue de s’accrocher au pouvoir. Des manifestations appelant à son départ ont été violemment réprimées ; huit personnes sont mortes.
Décidément, en République démocratique du Congo (RDC), la Saint-Sylvestre n’aura plus la même consonance que celle qu’elle a partout ailleurs dans le monde. En particulier, à Kinshasa et dans les autres villes du pays que régente encore Joseph Kabila, ce dernier jour de l’année n’est plus associé à la joie qu’on éprouve à l’idée d’accueillir le nouvel an et à l’espoir que celui-ci nous apporte plus de bonheur que celui qui s’en va.
Non, désormais en RDC, “Saint-Sylvestre” rime avec roublardise et haute trahison de la part de Joseph Kabila et de ses affidés, et avec massacres comme ceux que les forces de l’ordre ont perpétrés hier contre les manifestants laïcs catholiques qui, une nouvelle fois, tenaient à rappeler la nécessité pour le président de débarrasser le plancher.
Si avec les départ de Yahya Jammeh [en Gambie], Robert Mugabé [au Zimbabwe] ou encore Dos Santos [en Angola], l’année 2017 aura été une année d’espoir pour les peuples africains, il y a que cette même année aura été marquée par une tache particulièrement noire, à savoir le maintien de Joseph Kabila en poste, en violation des dispositions de la Constitution du pays. Un maintien d’autant plus écœurant qu’il symbolise l’impuissance de la communauté internationale face à l’individu Kabila.
Le pays s’enfonce dans l’insécurité
Narguant le monde et se jouant des divisions de ses opposants, il s’est donc offert 365 jours supplémentaires à la tête du pays. Alors même qu’il s’était engagé via l’accord de la Saint-Sylvestre 2016 à organiser des élections auxquelles il ne participerait pas. Un accord qu’il a tout simplement ignoré surtout depuis la mort, le 1er février 2017, de son plus farouche opposant, Etienne Tshisekedi.
Pendant ce temps, le pays, du fait du défaut de légitimité dont souffre le pouvoir, s’enfonce inexorablement dans l’insécurité. Une situation de chaos généralisé à laquelle les autorités du pays ne sont pas forcément étrangères. L’idée, estiment certains, étant que toutes les conditions soient créées pour empêcher la mise en œuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre, bref la tenue de l’élection.
Et quand quelques citoyens courageux veulent interpeller l’État sur ce mensonge éhonté et cette tromperie, la kalachnikov est la seule réponse qu’on leur réserve. Autrement, les manifestants tués hier [au nombre de huit, dont sept à Kinshasa] ne méritaient pas le sort à eux réservé. Leur seul tort est d’avoir osé revendiquer le respect des dispositions de la Constitution et celles de l’accord de la Saint-Sylvestre. Attitude somme toute normale, si l’on était dans une démocratie.
Mais avec Kabila, il n’y a rien de démocratique. En attendant son départ, ce vocable devrait même être retiré de la dénomination du pays. Parce qu’avec Joseph Kabila, la terreur est érigée en mode de gouvernance. Et au rythme où vont les choses, rien ne garantit que les nouveaux engagements, selon lesquels les élections se tiendront en décembre 2018, seront respectés. Car le libre respect des engagements est quelque chose qui est au-dessus des possibilités du président congolais. C’est dire que la communauté internationale doit avoir une attitude autre que celle timorée qu’elle a eue au cours de l’année écoulée. Autrement, Kabila rééditera son fameux glissement…
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