
Après la réforme constitutionnelle et l’adoption de la nouvelle monnaie c’est sans aucun doute le combat héroïque du collectif des veuves et orphelins qui occupe une place importante pour les observateurs dans le palmarès des femmes de l’année 2017 en Mauritanie.Sous la houlette de la vice-présidente Maïmouna Sy,les veuves ont pris leur destin en main pour engager la rude bataille contre l’impunité pour honorer la mémoire de leurs maris assassinés lâchement en 91 à Inal. Elles ont décidé avec leurs enfants de se battre pour réclamer partout le devoir de vérité et de justice.
Parmi les manifestations les plus importantes du collectif des veuves et orphelins de Mauritanie figure en bonne place celle du 28 novembre 2017 à Kaédi devant le président mauritanien pour relancer le dossier du règlement du passif humanitaire qu’il avait clos durant son premier mandat.Une première sortie des veuves revêtue d’habits noirs pour commémorer la mémoire des 28 soldats assassinés lâchement en 91 à Inal et dont elles réclament le devoir de vérité et de justice.
Depuis plus de deux décennies elles ont l’impression que Ould Aziz a tourné le dos à la réconciliation nationale.Leur présence à Kaédi, ville martyre où beaucoup de soldats noirs sont originaires traduit leur ferme volonté à prendre leur destin en main avec leurs enfants.La récente proposition du ministre de la défense sur les indemnisations des victimes est pour la vice- présidente du mouvement Maïmouna Sy une instrumentalisation du régime autoritaire de Nouakchott pour fuir en avant.La question nationale n’est pas que comptable.
Le collectif s’est opposé depuis le début de sa création à mettre en avant les réparations avant la vérité sur ce dossier brûlant du passif humanitaire qui englobe également le génocide de 89, l’une des pages les plus sombres de l’histoire du pays.Plus de 60000 noirs ont été déportés au Sénégal et au Mali.Les veuves ont décidé de se battre seules ne serait-ce que pour pouvoir enfin faire leur deuil.
C’est tout ce travail de justice de vérité et de mémoire qui fait des femmes du collectif des héroïnes de l’année 2017.Pour les observateurs cette distinction est intimement liée à leur résistance durant leur emprisonnement le 28 novembre dernier dans la capitale du Gorgol.
Bakala KANE
(Reçu à Kassataya le 31 décembre 2017)
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