
Une » insulte « que les Etats-Unis n’oublieront pas. C’est en des termes peu amènes que la représentante américaine aux Nations unies (ONU), Nikki Haley, a décrit le projet de résolution égyptienne, présenté lundi 18 décembre au Conseil de sécurité, qui condamnait de manière tacite la récente reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël.
Ce texte – rappelant le consensus international selon lequel le statut de la Ville sainte doit faire l’objet de négociations entre Israéliens et Palestiniens, et évoquant le caractère illégal de l’occupation par l’Etat hébreu de la partie orientale de Jérusalem, conquise en 1967 – a été soumis au vote moins de deux semaines après l’annonce du président américain. Les Palestiniens, pour leur part, souhaitent installer la capitale de leur futur Etat à Jérusalem-Est. Sans surprise, les Etats-Unis ont rejeté le texte, tandis que les quatorze autres membres du Conseil, dont la France, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine, l’ont soutenu.
Si la partition semblait jouée d’avance pour cette résolution, dont la formulation avait fait l’objet d’intenses tractations ces derniers jours, l’enjeu était ailleurs. Pour les Palestiniens, soutenus par le groupe arabe à l’ONU, il s’agissait de souligner l’isolement diplomatique américain sur la question de Jérusalem en poussant Washington à utiliser son droit de veto, une première en plus de six ans.
» Les conséquences pratiques et juridiques du veto américain sont nulles, a souligné une source diplomatique, précisant qu’il existe de nombreuses autres résolutions consacrées à Jérusalem. -Politiquement, l’exercice donne une soupape aux Palestiniens, qui peuvent s’assurer sur ce sujet du soutien de l’ensemble du Conseil, à l’exception des Etats-Unis. «
Côté américain, Nikki Haley s’en est tenue à la ligne dictée par Donald Trump dans son allocution du 6 décembre. Ce dernier avait alors qualifié la reconnaissance de Jérusalem comme -capitale israélienne d’ » évidence « , et défendu le choix souverain des Etats-Unis d’y installer leur ambassade.
Critique contre Obama
Dans ses remarques préliminaires, Mme Haley a également -attaqué l’administration de -Barack Obama, coupable selon elle d’avoir permis, il y a tout juste un an, l’adoption de la résolution 2334 ; celle-ci condamnait la -colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Les Etats-Unis s’étaient alors abstenus. Il s’agissait du dernier message politique adressé par le -président démocrate au premier ministre israélien, Benyamin -Nétanyahou, avec lequel il était en mauvais termes.
Après le blocage américain au Conseil de sécurité, un nouveau texte, sans doute très proche de la version égyptienne, va être proposé à l’Assemblée générale avant la fin de la semaine lors d’une session extraordinaire d’urgence.
L’ambassadeur de Palestine à l’ONU, Riyad Mansour, a dit s’attendre à » un soutien massif « de ce texte par cette Assemblée générale, où le droit de veto ne s’applique pas. » Cela montrerait que la communauté internationale refuse d’accepter la position unilatérale des Américains, qui est une violation du droit international « , a ajouté le diplomate palestinien.
Alors que l’administration de Donald Trump promet de présenter prochainement un plan de paix visant à mettre fin au conflit israélo-palestinien, l’initiative prise par le président à propos de Jérusalem a placé Washington dans une position inconfortable.
Elle a ainsi compliqué la préparation d’une visite dans la région du vice-président, Mike Pence, opportunément repoussée au début de l’année 2018 pour permettre à ce dernier d’apporter, le cas échéant, une voix décisive au Sénat, dont il est aussi le président, pour faire adopter cette semaine une ambitieuse réforme fiscale.
Après l’annonce de M. Trump, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait refusé de recevoir le vice-président des Etats-Unis, ainsi que l’avaient fait, en Egypte, le grand imam d’Al-Azhar et le patriarche copte Théodore II. Déterminé, M. Abbas a assuré lundi, à Ramallah, en Cisjordanie, que » quiconque permet aux Etats-Unis de revenir dans le rôle de partenaire ou de médiateur du processus de paix est un fou « .
Gilles Paris, et intérim aux Nations unies, à New York
Source : Le Monde
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com