Le président américain assure que les Etats-Unis soutiennent une « solution à deux Etats ».
Les mises en garde, qui ont afflué de toutes part ces derniers jours, n’y ont rien changé.
Donald Trump a reconnu mercredi Jérusalem comme capitale d’Israël, marquant une rupture spectaculaire avec ses prédécesseurs et ignorant les vives mises en garde des dirigeants de la région, et au-delà, qui redoutent une flambée de violence au Proche-Orient.
Avec cette décision historique qui marquera son mandat, le 45e président des Etats-Unis tient l’une de ses promesses emblématiques de campagne. Mais il s’isole encore un peu plus sur la scène internationale et prend le risque d’anéantir les timides espoirs de reprise des discussions de paix entre Israéliens et Palestiniens.
« Il est temps d’officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël », a-t-il lancé lors d’une brève allocution depuis la Maison Blanche au cours de laquelle il a insisté sur sa volonté de simplement reconnaître « une réalité ». « Les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties », a-t-il ajouté. « J’ai l’intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à sceller un tel accord », a-t-il encore dit au pupitre, debout devant un portrait de George Washington, assurant que les Etats-Unis soutenaient une « solution à deux Etats ».
Défendant une décision qui aurait du être prise « depuis longtemps », M. Trump a aussi égratigné ses prédécesseurs qui « n’ont pas fait ce qu’ils avaient dit », peut-être selon lui par manque de « courage ».
Le président américain a également ordonné à son ministère des Affaires étrangères de « préparer le déménagement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem ».
Après avoir indiqué que son vice-président Mike Pence se rendrait au Proche-Orient « dans les jours à venir », le président a déclaré : « Aujourd’hui nous appelons au calme, à la modération, et à ce que les voix de la tolérance l’emportent sur les pourvoyeurs de haine ».
En reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, le président, qui tenait là un engagement de campagne, a donc rompu avec des décennies de diplomatie américaine et internationale
Mises en garde
Tout au long de la journée de mercredi, les mises en garde avaient donc continué d’affluer, contre tout changement de statut, de la part des Américains, au sujet de Jérusalem.
« Je ne peux taire ma profonde inquiétude », a déclaré le pape. « J’adresse un appel vibrant pour que tous s’engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l’ONU ».
Le souverain pontife ne peut qu’accorder un intérêt tout particulier à la ville qui abrite les lieux les plus saints de trois grandes religions monothéistes, y compris le Saint-Sépulcre.
L’Iran, bête noire de M. Trump, ne s’est pas privé de pincer la corde religieuse, en déclarant qu’il « ne tolérera pas une violation des lieux saints musulmans ».
Ces voix ne sont que quelques-unes de celles qui ont continué à s’élever pour s’alarmer notamment du risque de violences causé par la question de Jérusalem, chaudron diplomatique.
Les groupes palestiniens ont appelé à trois « jours de rage ». Dans la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens en colère ont brûlé des drapeaux américains et israéliens et des portraits de Donald Trump. Un rassemblement est prévu jeudi à Ramallah en Cisjordanie, territoire occupé par l’armée israélienne depuis 50 ans.
(Lire aussi : Statut de Jérusalem : les fronts en présence)
Casus belli
Toute reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël est un casus belli pour les dirigeants palestiniens, qui revendiquent Jérusalem-Est, occupée puis annexée par Israël, comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
L’Autorité palestinienne, interlocutrice des Etats-Unis, d’Israël et de la communauté internationale, a prévenu que les Etats-Unis se discréditeraient comme intermédiaire impartial de toute entreprise de paix et que l’effort actuellement mené par les collaborateurs de M. Trump pour tenter de ranimer une dynamique moribonde seraient considérés comme terminés.
La communauté internationale n’a jamais reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et considère Jérusalem-Est comme un territoire occupé. Israël proclame tout Jérusalem, Ouest et Est, comme sa capitale « éternelle et indivisible ».
‘Incendie’ régional
« L’avenir de Jérusalem est quelque chose qui doit être négocié avec Israël et les Palestiniens assis côte à côte », avait dit, mercredi dans la journée, l’envoyé spécial de l’ONU au Proche-Orient, Nickolay Mladenov, lors d’une conférence à Jérusalem, alors que les négociations de paix sont suspendues depuis 2014.
Alors que chacun guettait sa réaction, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est au contraire resté silencieux mercredi sur le sujet lors de son discours durant la même conférence. M. Netanyahu, à la tête du gouvernement considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël, a aussi ordonné la discrétion à ses ministres pour ne pas attiser les tensions, selon les médias. Plusieurs d’entre eux avaient cependant salué l’augure, tel le ministre de l’Education Naftali Bennett qui avait appelé d’autres pays à emboîter le pas aux Etats-Unis. Pour lui, la décision à venir de M. Trump « constitue un pas spectaculaire vers la paix ».
(Lire aussi : Trump, fossoyeur de la politique historique des États-Unis sur Jérusalem ?)
Le roi Salmane d’Arabie saoudite, grand allié de Washington, avait, lui aussi, prévenu qu’une telle décision risquait de provoquer « la colère des musulmans » et la Turquie avait brandi le spectre d’un « incendie » régional en jugeant qu’une reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël « ferait le jeu des groupes terroristes ». Le président turc Recep Tayyip Erdogan veut réunir un sommet des dirigeants des principaux pays musulmans le 13 décembre à Istanbul. Une réunion d’urgence de la Ligue arabe pourrait, en outre, avoir lieu samedi.
La Chine, le Royaume-Uni et le Pakistan ont joint leur voix au concert de réprobation.
OLJ/Agences
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Source : L’Orient le jour (Liban)
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