Certes, Il n’appartient pas à la politique d’inventer des valeurs et de les imposer aux politiciens. Mais, en revanche, elle se doit de souligner certaines valeurs, une certaine éthique, faute de quoi les digues morales se rompent et, avec elles, le niveau politique se dégrade, et la démocratie en pâtit.
Et c’est exactement, sans forcer le trait et la description, ce spectacle désolant auquel nous avons eu droit à travers la litanie fielleuse et les cris d’orfraie des députés de Tawassoul débités sans panache contre le premier ministre et le gouvernement au cours de la présentation du bilan gouvernemental annuel.
Certes, la démocratie pluraliste implique le duel et le débat contradictoire où le vocabulaire peut se transformer, se distendre ; où le discours peut même s’écarter parfois des faits. Mais de là à supplanter l’exigence morale par l’invective et les attaques personnelles, la sagesse par la vulgarité, la réalité tangible par le mensonge, il y’a un pas gigantesque que ces députés ont allégrement franchi ; non pas au moyen d’une critique objective et convaincante, mais en sonnant comme à l’accoutumée leurs trompettes jusqu’à nous assourdir par des arguments spécieux ramassés à l’emporte-pièce qui dénient la réalité tangible.
Il est vrai que pour tous ceux qui se nourrissent de concepts irréels, comme les rhéteurs de Tawassoul, la vérité, que nos valeurs religieuses et notre système de valeurs acclament et subliment, est le cadet de leurs soucis. Oubliant même, en raison de leur étroitesse d’esprit, que la vérité a son propre poids immuable que, ni les fables ingénues, ni les illusions chimériques, ni le mensonge protecteur, ne peuvent affecter d’un iota. Surtout quand il s’agit d’un bilan gouvernemental étayé par des chiffres à l’appui et par des réalisations irréfragables aussi souveraines que les étoiles dans un ciel bleu.
Des réalisations qui font de la Mauritanie d’aujourd’hui un exemple de réussite de la corrélation agissante du tandem démocratie/développement ; car une démocratie politique, avec ses attributs de primauté de droit, de respect des droits de l’homme et de la reconnaissance de la dignité et de l’égalité des citoyens, restera une luxueuse abstraction si elle n’est pas sous-tendue par des réalisations socio-économiques et culturelles, gage de sa pérennité ; de même, un développement sans démocratie reste confiné dans les limites matérielles qui étouffent à la longue l’épanouissement et la liberté des citoyens.
Mais la Mauritanie s’est restituée aussi au miroir de son histoire féconde et de ses atouts géostratégiques en retrouvant et en vivifiant les instruments fondateurs de sa vocation arabe et africaine. Elle est également aujourd’hui un exemple de sécurité et de stabilité dans une région en proie au terrorisme et à la résurgence des référents pré-étatiques meurtriers à la suite des effets dévastateurs du « printemps arabe » ou plus exactement de « l’hécatombe arabe » ; une hécatombe, faut-il le rappeler, pour laquelle le parti Tawassoul n’a ménagé aucun effort pour sa réalisation en Mauritanie, n’eût été la perspicacité du président Aziz. Et c’est une autre illusion de penser que cette grave erreur historique toujours emmagasinée dans le tréfonds de l’âme collective de notre peuple puisse s’effacer jusqu’au souvenir par une indulgente amnésie ; et que surtout ses auteurs puissent aujourd’hui se présenter en donneurs de leçons. Quel mépris du citoyen mauritanien ! Quel mépris de l’histoire et de la politique !
Un mépris incommensurable pour notre peuple qui fait la différence entre des réalisations et des actes concrets qui ont métamorphosé de fond en comble le pays, et des illusions idéologiques envoutantes avec leur lot déferlant de promesses fallacieuses continuellement ressassées.
Et dans une démocratie bien ancrée comme la nôtre, seule l’opinion du peuple, ce tribunal implacable et permanent dont les sentences finissent toujours par rejoindre le jugement de l’Histoire, importe dans la vie des nations.
Docteur Abdallahi Ould Nem
(Reçu à Kassataya le 15 janvier 2017)
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