Le foot allemand recrute des réfugiés

En 2015, la Fédération allemande de football (DFB) a délivré 42 000 licences à des étrangers, parmi lesquels un grand nombre de réfugiés. C’est quatre fois plus qu’en 2012.

On connaissait Bakery Jatta, ce Gambien arrivé en Allemagne à l’été 2015, à l’âge de 17 ans, après avoir risqué sa vie en traversant la Méditerranée et qui, moins d’une année plus tard, signait un contrat de trois ans avec le Hambourg SV pour un salaire mensuel de 10 000 euros. On connaissait aussi son compatriote Ousman Manneh, son aîné de quelques mois, recruté par le Werder Brême et que l’Allemagne a véritablement découvert le 15 octobre, quand il a marqué son premier but en Bundesliga contre le Bayer Leverkusen.

On se doutait, bien sûr, que leurs parcours étaient exceptionnels. Mais on pressentait en même temps qu’ils n’étaient pas les seuls, parmi les 890 000 réfugiés que l’Allemagne a accueillis en 2015, à pratiquer le football à un certain niveau. Combien ? On le sait désormais : mardi 15 novembre, la Fédération allemande de football (DFB) a révélé qu’elle avait délivré 42 000 licences à des étrangers – parmi lesquels un grand nombre de réfugiés – en 2015, soit quatre fois plus qu’en 2012.

La DFB ne s’est pas contentée d’annoncer ce chiffre. Lundi, lors d’un sommet sur l’intégration organisé à la chancellerie, à Berlin, son vice-président, Eugen Gehlenborg, présentait une brochure d’une trentaine de pages, intitulée Im Fussball zu Hause (« Au foot, à la maison ») et dont l’objectif est de « faciliter l’intégration des réfugiés dans les clubs ».

Disponible également sur Internet sous une forme plus développée, elle propose des réponses à de nombreuses questions pratiques ou juridiques : « Les réfugiés ont-ils une couverture maladie ? » ; « Qui paie en cas de blessure ? » On y trouve également des conseils plus psychologiques, notamment sur la façon d’aider les réfugiés victimes de « troubles post-traumatiques ».

Une enveloppe de 600 000 euros

Cette initiative, soutenue par la chancelière, Angela Merkel, dont le goût pour le ballon rond est bien connu de ses citoyens, n’est pas la première prise par le football allemand à destination des réfugiés. Parmi les 26 000 clubs répertoriés dans le pays (6,5 millions de joueurs licenciés), 3 000 participent déjà à un programme lancé en 2015 par la Fondation Egidius-Braun, du nom d’un ancien président de la DFB qui, depuis les années 1980, finance des projets liés au football et à visée sociale en Allemagne, mais aussi au Mexique, en Afrique et dans les anciens pays communistes d’Europe de l’Est.

 

Baptisé « 1-0 für ein Wilkommen » (« 1-0 pour dire bienvenue »), ce programme, qui est doté d’une enveloppe globale de 600 000 euros, propose notamment une aide de départ de 500 euros aux clubs qui se lancent dans des actions visant à promouvoir l’intégration des réfugiés, qu’il s’agisse de leur octroyer des licences gratuites, de leur fournir des maillots, d’organiser des cours d’allemand ou de participer au financement de leurs foyers d’accueil.

« Les milliers de clubs de football qu’il y a en Allemagne jouent un rôle fondamental en matière d’intégration. En favorisant des contacts avec les autres, ils permettent à nos nouveaux voisins de ne pas rester des étrangers », a expliqué, lundi, Aydan Özoguz, le secrétaire d’Etat allemand à l’intégration.

Une conviction partagée par Bakery Jatta, qui, dans la brochure publiée par la DFB, résume en ces termes ce que lui ont apporté ses journées passées en club depuis son arrivée en Allemagne : « Apprendre la langue, rencontrer des Allemands et échapper à l’ennui des foyers d’accueil. »

 Thomas Wieder
(Berlin, correspondant)
Correspondant en Allemagne (Berlin)
 

Source : Le Monde  (Le 19 novembre 2016)

 

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