Après la cour de Zouérate qui avait demandé en appel 20 ans de prison contre les 13 militants anti-esclavagistes et les 7 habitants de la Gazra du Ksar
c'est la cour de Nouadhibou qui rend cette fin de semaine un verdict clément avec 5 relaxes et des condamnations allégées.
Ce sont les victimes d'abord qui respirent mieux en attendant que la plainte des avocats de l'IRA au tribunal de Grande Instance à Paris contre de hauts responsables mauritaniens supposés tortionnaires aille jusqu'au bout du processus.Pour les observateurs ce retournement de situation traduit bien une pression internationale contre la justice mauritanienne.
En l'espace d'une journée les mauritaniens sont passés de l'indignation à presque un soulagement avec le verdict de la cour d'appel de Nouadhibou qui rejette les 20 ans de prison à l'encontre des 13 militants anti-esclavagistes de l'IRA et les 7 émeutiers de la Gazra du Ksar pour être plus conforme à la réalité avec 5 relaxes et des condamnations plus légères de 1 à 5 ans de prison.
Ce sont les habitants du quartier de Bouammatou qui en ont fait les frais avec des peines allant de 3 à 5 ans dont 2 fermes avec des dédommagements aux policiers blessés lors des évènements.Les condamnés à 3 ans sont relaxés sauf 2 à 1 an de prison.Les 5 ans auparavant sont ramenés à 1 an.Et ceux qui avaient les peines les plus lourdes c'est à dire 15 ans sont ramenés de 1 à 3 ans.Petit soulagement des détenus de l'IRA et demi satisfaction des avocats français de l'organisation qui venaient à peine d'exercer une pression contre Nouakchott avec une plainte contre X au Tribunal de Grande Instance
de Paris pour des faits de tortures graves envers les prisonniers de Bir-Moghrein durant leur détention dans la capitale mauritanienne.Elle vise de hauts responsables du pays dont le patron de la sûreté nationale qui serait sur la liste avec des commissaires de police des magistrats et des hommes politiques.Ce retournement de la justice est qualifié par les observateurs de recul propre aux vieilles recettes de régime autoritaire dès que sa survie est en jeu.Ce verdict plus clément n'enlève en rien le caractère dépendant de la justice mauritanienne au pouvoir de l'exécutif.
L'instrumentalisation de la justice à des fins politiques est un secret de polichinelle.L'affaire des émeutes du Ksar entre dans ce cadre.L'objectif principal de Ould Aziz est d'éliminer progressivement les militants anti-esclavagistes de l'IRA dont le président Ould Abeid est reconnu par la communauté internationale pour son combat inlassable contre l'esclavage en Mauritanie. Une première bataille juridique est gagnée même si beaucoup de militants vont retourner en prison avec de nouvelles peines.
Bakala Kane
(Reçu à Kassataya le 19 novembre 2016)
Les opinions exprimées dans la rubrique Tribune n'engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com