En matière de démocratie, de nos jours, c'est la minorité qui décide pendant que la majorité se résout à s'abstenir. Hélas, le fatalisme est passé par là.
Depuis plusieurs années, les taux d'abstention à l'occasion de plusieurs élections et référendums dans les pays dits développés ou en voie de développement se réclamant du système démocratique marquent le détournement croissant des peuples de la démocratie qui, à la base, est censée leur donnait le pouvoir de prendre en main leurs destins.
Plus aucun peuple ne tombe dans le piège qui, durant des siècles, leur a toujours fait croire qu'il détenait le pouvoir. Le peuple n'a aucun pouvoir et il en est, de plus en plus, conscient. Il est utilisé uniquement pour légitimer un système à bout de souffle, pire qu'une dictature classique. Son rôle se limite à désigner une élite, une aristocratie censée la représenter à travers des élections dont les vainqueurs sont connus d'avance à force de tapage médiatique et de millions de dollars dépensés. A la limite, le pouvoir s'achète comme tout produit de consommation. Pour gagner, il ne suffit pas d'avoir le meilleur programme mais plutôt la plus importante force de frappe financière.
Donald Trump vient d'être élu président des Etats Unis avec un taux de participation de 54% soit un taux d'abstention de 46%. Il n'a même pas recueilli 25% des voix de l'électorat américain soit moins d'un quart des électeurs. Au Sénégal, le taux de participation au référendum du 20 mars 2016 était de 38,26% soit plus de 61% d'abstention et pourtant la nouvelle constitution fut tout de même adoptée. Le taux de participation aux élections régionales de 2015 en France fut de 49% au premier tour. Rares sont les élections qui enregistrent un taux de participation de plus de 50%.
Les peuples se rendent bien comptent que voter ne permet de rien changer au système qui , dans sa forme actuelle, n'arrange que les politiciens et leurs proches profitant de leurs largesses une fois élus. Leurs promesses se dissipent en même tant que s'envolent nos espoirs pour laisser place à la déception. Paradoxalement, ce système doit sa pérennité à l'abstention, à la résignation des masses, à leur docilité. Les peuples désabusés qui, petit à petit, sont tombés dans un fatalisme qui les rend complètement dociles finiront ils par se révolter ?
Le système « démocratique » est surnoit, il a fait de la tromperie universelle un mode de gouvernance, la manipulation et le contrôle des masses par la peur pour ne pas dire la terreur, une garantie de pérennité. Le système démocratique dans sa forme actuelle est comme la magie, tout n'est qu' illusion. Le système théoriquement a les symboles et un discours qui fait honneur au peuple mais dans sa vraie nature, en pratique, défend les intérêts de groupuscules.
La force du système réside dans sa forme la plus perverse. Par imposture, il détient la force publique lui permettant de mater les plus rebelles, le législatif qui lui permet de se protéger à travers des lois liberticides et le judiciaire qui lui permet de mettre en quarantaine les plus farouches opposants. Edouard Snowden en exil en Russie et Julian Assange reclus dans moins de 100 m2 à Londres depuis des années ne risqueront pas de me contredire. Le tort de ces deux lanceurs d'alerte est d 'avoir montré la vraie face de ce système imposteur.
Les politiciens nous ont pris en otage et par la division des masses, déroulent tranquillement leurs agendas. Ils se mettent au service de la finance internationale qui, pas à pas, a fini de déshumaniser l'économie mondiale.
Le système démocratique est un système trompe l'œil. . En France, le 49-3 permet le passage en force de n' importe quelle loi malgré des manifestations monstrueuses et au Sénégal, l’article 80 permet au président d'envoyer tout opposant en prison.
Les africains doivent cesser de suivre comme des élèves un système venu d'ailleurs qui ne correspond en rien à leurs réalités. Nous devons créer notre propre système politique. Aucun pays ne s'est développé grâce à la démocratie. En Europe, les pays développés ont été bâtis grâce à des régimes monarchiques de droit divin et de toutes les façons, le pouvoir de décision a échappé à nos dirigeants depuis la fin de la deuxième guerre mondiale qui a permis aux USA de redistribuer les cartes. Le capitalisme, à travers la finance internationale, a fini par transformer nos dirigeants en des marionnettes aux pieds et mains liés sans réel pouvoir de décision.
Je réitère ma proposition de suppression du poste de président de la république, des partis politiques qui nous maintiennent dans un éternel divertissement. Il ne faut plus jamais que la politique soit un métier. Tout citoyen volontaire doit pouvoir servir le pays bénévolement. Nos députés, nos ministres, nos maires ne doivent plus avoir de salaires ni des dotations ou des logements de fonction. Ils doivent avant tout, avoir un métier et conserver ainsi leurs salaires de base. Nos pays sont très pauvres et ne doivent pas accepter de continuer à assurer à nos autorités des niveaux de vie au dessus de nos moyens. Il ne doit plus être question de devenir riche en accédant au pouvoir et les crimes économiques doivent être sévèrement sanctionnés comme en Chine.
Osons inventer notre avenir, osons prendre notre destin en main et pour cela enterrons la démocratie occidentale qui n'est qu'un leurre.
Serigne Mbacké FALL
Source : Ndarinfo (Sénégal)
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