Polémique : Peut-on comparer l’ascension de Trump à celle de Hitler ?

Le succès de Donald Trump aux États-Unis permet de mieux comprendre comment Adolf Hitler est arrivé au pouvoir en Allemagne, selon un journaliste israélien. Ces derniers jours, le tweet d’un Allemand comparant les deux hommes a suscité de nombreux partages et relancé le débat.

 

“L’Amérique d’aujourd’hui n’est pas l’Allemagne nazie et Trump n’est pas le Führer”, estime Ha’Aretz. “Mais aujourd’hui, il devient plus facile de comprendre comment des millions de gens ont accepté les mensonges éhontés et les dangereux délires du tyran [Hitler]”, affirme le quotidien israélien, qui liste les points communs aux deux périodes.

Mécanismes identiques

La référence à un passé glorieux se retrouve d’après le quotidien autant dans les discours de Hitler, dans le contexte d’une Allemagne humiliée par le Traité de Versailles, que chez Trump, qui veut “Rendre à l’Amérique sa grandeur” (‘Make America Great Again’ est le slogan du candidat républicain). On retrouve chez les deux hommes les mêmes accusations à l’encontre des médias menteurs, des dirigeants traîtres et des mauvais étrangers. Chacun se pose en sauveur de sa patrie.

 

“Au début, la majorité des gens ne prenaient pas Hitler au sérieux”, rappelle Ha’Aretz​, pour qui le contexte économique et social des pays favorise l’émergence de tels personnages.  

  Détachés de la politique et ignorant l’histoire récente, les masses acceptent des mensonges grossiers et des affirmations erronées comme des vérités, adhérant aux réalités insensées décrites par leur leader.”

“Même si on peut penser que Donald Trump ne sera bientôt plus qu’une vulgaire note de bas de page dans les livres d’histoire, il est difficile de nier que son irrésistible ascension a été très instructive”, conclut le journal.

Une comparaison virale

Le quotidien israélien n’est pas seul à faire ce parallèle. Le message Twitter signé d’un certain Johan Franklin, un Allemand vivant aux Etats-Unis, qui établit clairement le lien entre Trump et Hitler, est “devenu follement viral”, relate le Huffington Post.  

Le message est explicite :

Chers Américains, allez-y, votez pour le gars avec la grosse voix qui déteste les minorités, menace d’emprisonner tous ses opposants et affirme qu’il peut régler les problèmes à lui tout seul. Qu’est-ce qui pourrait bien aller de travers ? Bonne chance. Signé : le peuple allemand. #déjàvudéjàfait”

“Beaucoup de sympathisants de Trump ont réagi très défavorablement à sa missive”, précise le Huffington Post, ce qui poussé l’auteur du tweet à publier une deuxième affiche “explicative” : “Cher Internet, laissez-moi clarifier quelques petites choses”. Où il précise notamment que son tweet ne reflète que son avis, en tant qu’individu allemand, et non pas celui de tous ses compatriotes. Néanmoins, précise-t-il, “beaucoup d’Allemands ont juste tellement peur de voir qu’un tel démagogue et menteur puisse recueillir autant de soutiens. Et oui, ça nous rappelle quelque chose qui s’est produit chez nous.”

Une atmosphère des années 30

Au Portugal, le directeur adjoint du Diario de Noticias ressent lui aussi cet “air du temps”. “Pour ma génération, celle de la fin des années 60, il a toujours été difficile de comprendre comment des Hitler, Mussolini, Franco ou Salazar ont pu arriver au pouvoir”, explique-t-il dans un éditorial. Invariablement, se souvient Paulo Tavares, les conversations enflammées se terminaient par : “Comment cela a-t-il été possible ?”  

Le journaliste se montre tout aussi circonspect face à la montée en puissance de Trump, à laquelle il a assisté en Caroline du Sud, au début de l’année. “Un sentiment familier : le même mépris pour la politique et les politiques, l’indifférence face aux faits, la haine de Washington, une sorte de vertige ‘révolutionnaire’. On ne peut se contenter de la justification sur les déshérités de la mondialisation”, estime Tavares. “Il ne s’agit pas d’un phénomène passager. Et quel que soit le résultat de l’élection, on va vivre la même chose avec les élections en France, en Allemagne et le référendum en Italie en décembre”. Et de conclure : “La démocratie, c’est du boulot et nous sommes quelque peu distraits”.

 

Source : Courrier international (Le 7 novembre 2016)

 

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