Il faut plus que jamais un dialogue national inclusif!

Ce qui apparaît clairement du "dialogue" qui vient de s'achever et qui en constitue la principale substance est que tout le pays, toutes les forces politiques, l'opposition dans sa diversité, dialoguiste ou boycottiste, le pouvoir lui même, tout ce monde disparate, est d'accord, absolument d'accord maintenant sur un point: le non renouvellement du mandat du Président de la République et l'exigence constitutionnelle impérative de son départ en 2019. Point à la ligne.

Ce consensus est fort et il ne pourra y être fin que dans le contexte d'une crise majeure, existentielle ou d'un coup d'Etat classique, en bonne et due forme. Ce consensus a été paraphé par le discours de clôture du Chef de l'Etat lui même, mettant fin à ce que certains ont qualifié de "supputations" de l'opposition dite radicale et que l'on pourrait considérer, pour le moins, comme des "ambiguïtés" du pouvoir avec les dernières déclarations iconoclastes du porte-parole du gouvernement et avec les propositions figurant explicitement dans le document officiel de l'UPR au "dialogue".

Peu importe désormais ce que furent les intentions dernières du Président Ould Abdel Aziz. Le fait est qu'il a proclamé ne pas chercher un 3 eme mandat. C'est un fait majeur. Un fait positif à saluer. Il devrait en découler une réactualisation de l'approche politique de sortie de la crise qui pourrait affecter l'avenir immédiat du pays. Parce que, en toute honnêteté, si le dialogue qui vient de se dérouler au Palais du Congrés a permis de consolider le consensus national sur le second mandat définitif, pour tous les autres points évoqués et figurant dans l'acte final des discussions, il n'y a pas de consensus.
Ces questions sont essentielles et touchent les préoccupations de la quasi totalité de la classe politique et de l'opinion publique nationale.

D'abord, tout le monde sait que parmi les quelque 70 partis politiques ayant participé aux travaux, sans vouloir vexer personne,il n y a que 6 ou 7 qui sont réellement des partis politiques nationaux. Il suffit de consulter la liste officielle des participants. Au moins 2 des acteurs politiques importants du conclave s'en sont retirés ou n'ont pas participé à la clôture des travaux ( ce qui leur a valu les sarcasmes maladroits du Président de la République dans le fameux discours de fin de partie) : l'APP du Président Messaoud Ould Boulkheïr et les FPC du Président Thiam Samba. Et, les conditions de conclusion des travaux sont telles qu'en vérité, pour l'essentiel, les participants ne sont tombés d'accord, jusqu'à plus ample informé, que sur des principes généraux et des têtes de chapitre, sauf pour la suppression du sénat,les élections anticipées, les 2 bandes rouges à mettre en haut et en bas du drapeau, la divise et quelques autres choses comme ça.

Sur les questions concrètes, institutionnelles, ils conviennent bien de la nécessité de revoir la composition et le fonctionnement du conseil constitutionnel et de la Ceni. Mais suivant quelles nouvelles modalités, dans quelles conditions et, surtout, par qui? Quelles reformes électorales concrètes? Quid du corps électoral, de l'inscription dans les listes, leur vérification, les conditions de contrôle dans les bureaux de vote, les pv dans ces bureaux, les publications des résultats? Comment concrètement "neutraliser" l'administration civile autant que militaire dans les processus électoraux? Pour le " référendum" et les élections annoncés: qui va y participer, sachant qu'une masse considérable de mauritaniens en seront exclus pour cause de pagaille du système d'état-civil? Etc. Etc.

Tout cela et bien d'autres choses encore ( par exemple relatives à la question nationale et aux discriminations ethniques et sociales qui rongent le pays à toute vitesse), par la force des choses, restera dans l'ombre. C'est-à dire relèvera , en dernier ressort, de la souveraineté absolue d'un seul homme: le Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Cela est-il démocratique et consolidera t-il otre démocratie?

Incontestablement, la plupart des dialoguistes ont fait de la résistance sur la question des mandats et il faut le leur reconnaître. Mais, ils se sont dispersés sans résoudre, même à leur niveau "non inclusif", les autres questions pour lesquelles ils déclaraient pourtant être venus au Palais des Congrès.

La question du compromis national est donc toujours posée. Le dialogue entamé doit être impérativement rouvert, ( ou poursuivis) inclusivement, sur la base de l'acquis que constitue notamment le maintien de la barrière du 2eme mandat. Tout le monde devrait agir en sorte d'arréter les frais politiques que représente le statu quo actuel et ses conséquences désastreuses sur la vie de notre nation. Nous pouvons et devons nous inscrire dans une nouvelle dynamique qui sauvegarde les intérêts de tous, en évitant les actes unilatéraux qui peuvent dangereusement hypothéquer notre avenir commun.

 

Gourmo Abdoul LO

Facebook (Le 23 octobre  2016)

 

Les opinions exprimées dans cette rubrique n'engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page