Mauritanie : les enseignements du dialogue national

Le président mauritanien Ould Aziz vient de raté d'inscrire son nom dans une nouvelle page de l'histoire du pays en minimisant la réconciliation nationale.

Par contre il a gagné à moitié son pari en obtenant des dialoguistes l'organisation d'ici la fin de l'année un référendum pour la suppression du Sénat et la création de conseils régionaux.Une initiative qu'il avait lancée lors de sa dernière visite à Néma.Le revers de la médaille c'est qu'un dialogue inclusif sans l'opposition officielle est un dialogue biaisé et non représentatif.Alors la concertation entre la majorité et une partie de l'opposition donne l'impression de restaurer plus l'image écornée d'un chef d'Etat que d'ouvrir un débat national .Tels sont les principaux enseignements du dialogue national qui vient de s'achever dans la capitale mauritanienne.

Le feuilleton dialogue inclusif ouvert le 29 septembre dernier à Nouakchott est maintenant terminé. C'est le plan A qui a plus animé la galerie dans le Grand Théâtre du palais des Congrés autrement dit la feuille de route de l'UPR, le parti de la majorité à savoir l'organisation d'un référendum d'ici la fin de l'année pour supprimer le Sénat et créer des conseils régionaux.

Le plan B est remis plus tard c'est à dire le troisième mandat de Ould Aziz.Les mauritaniens ont l'impression d'être roulé dans la farine en première ligne les dialoguistes et les journalistes des médias nationaux voire internationaux et également que les deux prolongations des travaux n'étaient que des moments de récréations. A part cette comédie bien relayée par le porte parole du gouvernement l'UPR et son chef ont gagné à moitié leur pari.Mais le locataire du palais de Nouakchott n'a pas séduit tous les mauritaniens. Ould Aziz a raté la bonne occasion de réconcilier tous les mauritaniens en minimisant la question nationale sur la cohabitation.

En permettant la participation des forces progressistes négro-africaines dont les FPC qui ne sont pas reconnues officiellement et un mouvement citoyen TPMN et ARC EN CIEL, la majorité a fait un calcul politique comme en témoigne le communiqué final qui ne mentionne que la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat, le pardon de Ould Aziz lors des prières à Kaédi en 2009 et le retour des réfugiés et leurs indemnisations. Une parenthèse qui veut dire que le chef de l'Etat a soldé le passif humanitaire.C'est le premier enseignement qui pèse lourd sur les résultats des travaux sans la participation du FNDU qui regroupe plus de dix partis de l'opposition dont les trois principaux le RFD , l'UFP et TAWASSOUL.

Cette absence impacte sur la qualité des débats.C'est le deuxième enseignement qui confirme que les deux ans de préparation pour en arriver à ce dialogue restent une stratégie pour le pouvoir à diviser pour mieux régner.Cette vieille démarche politique ne va pas sans la restauration de l'image écornée du président mauritanien depuis juillet 2009.C'est dans ce cadre que le dialogue national préconise la mise en place d'un observatoire national de lutte contre la gabegie.Un cheval de bataille qui donne l'impression aujourd'hui que Ould Aziz s'en sert pour les autres en appliquant la règle de la préférence pour offrir des milliards d'ouguiya à ses proches dans le cadre de marchés de gré à gré.C'est le troisième enseignement qui interroge les observateurs sur la gouvernance de Ould Aziz lequel est entrain de tout verrouiller pour préparer les élections municipales et législatives anticipées.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 22 octobre 2016)

 

Les opinions exprimées dans la rubrique Tribune n'engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page