Le président indien a récemment fait don d'une statue de Gandhi à l'université du Ghana, mais de nombreux professeurs et étudiants ne sont pas contents du cadeau.
En juin dernier, le président indien Pranab Mukherjee a offert une statue de Gandhi à l'université du Ghana à Accra, pensant que cette effigie du leader anti-colonial indien serait bienvenue dans un pays anciennement colonisé.
#PresidentMukherjee unveiled a statue of Mahatma Gandhi in the campus of University of Ghana yesterday
Mais, dès son apparition sur le campus, la statue a fait polémique, et cinq universitaires viennent de lancer une pétition, signée par plus de mille personnes, demandant son retrait. Se basant sur un livre récemment publié par deux historiens sud-africains, les auteurs de la pétition expliquent que Gandhi avait appelé les noirs d'Afrique du Sud des «sauvages» qui veulent vivre dans «l'indolence» et de «kaffirs», un terme dérogatoire.
Interviewé par la BBC, le petit-fils de Gandhi, qui est aussi son biographe, a admis que son grand-père avait en effet des préjugés envers les noirs d'Afrique du Sud mais qu'il n'en était pas moins plus progressiste que la plupart de ses contemporains indiens.
Au-delà des accusations de racisme, les auteurs de la pétition expliquent que comme il n'y a aucune autre statue de personne historique sur le campus de l'université du Ghana, il serait préférable que le monument représente une figure africaine:
«Pourquoi devrions-nous célébrer les “héros” des autres à une université africaine, alors que nous ne célébrons pas nos propres héros?», peut-on lire dans la pétition.
«Nous avons besoin d'images de nous-même»
Déjà l'année dernière en Afrique du Sud, des manifestants avaient défilé avec des pancartes «Gandhi le raciste doit être retiré», et une statue du dirigeant indépendantiste avait été vandalisée à Johannesburg. Les critiques de Gandhi l'accusaient d'avoir été en faveur de la ségrégation raciale en Afrique du Sud.
Le professeur Obadele Kambon, un des créateurs de la pétition au Ghana, a dit à la BBC que leurs efforts s'inscrivaient dans un mouvement global vers «plus d'estime de soi et de fierté», et il a fait référence aux protestations qui ont mené au retrait de la statue de l'impérialiste Cecil Rhodes en Afrique du Sud, ainsi qu'au mouvement américain Black Lives Matter.
«Nous avons besoin d'images de nous-mêmes pour notre propre bien-être psychosocial, pas d'images de ceux qui nous qualifient de sauvages», a-t-il résumé.
Même si l'université a dit que les demandes de la pétition seraient examinées, le problème de ce cas est que tout retrait de la statue pourrait causer un incident diplomatique avec l'Inde, un allié historique du Ghana.
Repéré par Claire Levenson
Source : Slate
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