Se soigner par WhatsApp, ça se fait à Nouakchott!

Le jour du Aid El Kebir, juste après la prière, quelqu'un qui m'est très cher a subi une blessure à la main suite à un banal accident de la circulation.

Là dessus, je l'ai orienté vers l'une des plus grandes cliniques privées de Nouakchott, croyant y pouvoir trouver la meilleure prise en charge pour ce qui n'est qu'une blessure d'apparence pas très grave.

Sur place, je trouve une équipe composée d'un jeune médecin, d'une infirmière et d'un technicien de labo, naturellement en plus de pharmaciens et du caissier. A l'accueil, le blessé n'a fait l'objet d'aucune mesure pour soulager la terrible douleur qu'il ressent et au niveau de la main, même pas un calmant! On passe à la radiologie: rien de vraiment grave, on nous confirme ce que l'on redoutait déjà, nous qui ne connaissons rien à la médecine: "décollement de l'ongle".

Et c'est là que le jeune toubib me dit: "il n'y a rien de grave mais il faut l'avis d'un traumato pour les nécessaires points de suture. Or, le notre est à domicile et je vais lui envoyer les images et attendre sa réponse".

Quoi, lui dis-je? Mon patient va être soigné par WhatsApp? C'est du jamais vu! Pas question, je ne vais jamais me fier à des conseils donnés de cette manière si peu orthodoxe qui ferait retourner Hypocrate dans sa tombe! Je lui dis de me donner l'adresse du domicile de ce traumato de permanence pour que je lui emmène le blessé et, après moult tergiversations, je parviens à savoir que le spécialiste en question se trouve dans la badiya de Boutilimitt et que la clinique utilise le réseau WhatsApp pour recueillir ses avis.

Alors là! Je me mets à chercher un autre traumato, ce qui n'est pas facile, le jour de la fête. Je devais, après beaucoup d'interventions en trouver un qui officie à l'hôpital militaire et qui a gentiment accepté de se déranger pour venir et s'occuper, lui-même des soins du blessé, sous anesthésie locale.

Je savais, moi, que le système sanitaire national ne fonctionnait guère bien, qu'il y a redire sur tout ce qui y est: faux diplômes, faux médicaments, sur-facturations, négligences de toutes sortes mais je n'ai jamais pensé qu'une clinique dirigée par un médecin (qui est de surcroît un haut responsable national) puisse faire soigner ses patients par WhatsApp! Je ne savais pas que le ministère de la Santé -où ce qui en reste- peut tolérer pareilles énormités qui sont, j'ai pu le savoir, monnaie courante dans cette clinique et peut être aussi dans d'autres formations sanitaires privées!

A mon retour à la maison vers 16 heures, je racontais cette mésaventure à un ami qui me dit: " mais c'est simple, il fallait accepter le WhatSApp mais, à la fin, payer, toi aussi, en envoyant les sous à payer sur ce réseau!" Comme on soigne des êtres humains par le WhatsApp, on doit pouvoir payer par cette voie".

C'est dommage qu'on en soit à ce stade. C 'est dommage que de pauvres patients se font flouer comme ça par des cliniques sans foi ni loi qui n'ont de soucis que d'amasser des sous. C'est dommage que des médecins,censés être des sommités, en arrivent à flouer des patients de cette manière…pour des sous.

Désolé vraiment de vous faire part de cette mésaventure! Mais c'est juste pour que chacun parmi nous soit vigilant et n'accepte en aucun cas de se laisser faire. Pour lui et pour son patient.
Salutations et bonne fête à tous.

 

Ely Abdellah

Facebook (Le 13 septembre 2016)

 

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