Certains s’interrogent en Europe, pour demander pourquoi les musulmans ne s’expriment pas, ne sortent pas, ne dénoncent pas publiquement le terrorisme islamiste. Voilà bien une question de non-musulman !
Le musulman, de la majorité pratiquante, est d’abord un citoyen lambda qui n’appartient à aucune organisation islamiste « comme » en France, en moyenne 8% des travailleurs sont syndiqués pendant que les syndicats et quelques militants peuvent paralyser le pays.
Le musulman lambda d’occident, comme tout citoyen n’est pas prompt à sortir dans la rue manifester car c’est toujours une minorité qui manifeste, les autres, même sympathisants de la cause, qu’elle soit économique, politique ou sociétale, restent chez eux à regarder le bilan de la manif au J.T. Ainsi, en France, il y a plus de monde dans la rue pour ou contre le « mariage gay » que pour n’importe quelle raison politique ou économique.
Pour sortir et manifester, il faut soit répondre à un appel via les medias de masse ou fréquenter les medias confidentiels et autres réseaux sociaux engagés puis accepter de répondre aux invitations à manifester. Prendre la parole pour s’indigner, là encore, certains le font à titre individuel à l’occasion, d’autres par pudeur, par envie de discrétion ne veulent pas apparaître à la télé.
De même, il y a autant de divisions dans le monde musulman qu’on en trouve dans les églises chrétiennes avec leurs catholiques, leurs protestants, leurs orthodoxes etc. et les sous-branches. Le musulman, au gré du hasard de la naissance, naît soit sunnite ou chiite et ensuite au cœur des frères ennemis, il suivra, toujours en fonction du hasard de la naissance, telle ou telle branche malikite, hanafisme, hambaliste etc. pour les sunnites et autant pour les chiites et ces écoles sont elles-mêmes divisées suivant tel ou tel savant ou saint marabout local.
Au milieu de tous ces minarets hétéroclites, qui se tiennent souvent par la barbichette délicatement taillée ou lâchée à la hussarde jusqu’à devenir pour certains ennemis les uns des autres, chacun estimant pratiquer seul l’islam authentique, nous assistons aujourd’hui à la énième renaissance des mouvements radicaux car depuis la nuit des temps, toute philosophie, toute religion, toute doctrine même économique engendre inévitablement, comme un parasite, des satellites extrémistes.
On voit cela avec les fanatiques athées aussi virulents que les fanatiques religieux, on voit cela avec les fanatiques de la néo-laïcité, revenue et corrigée par extrémistes, qui dans certains pays sans miroir en ont fait une laïcité dictatoriale qui ne laisse la place qu’à la religion de l’athéisme ayant seule droit de cité. Vous pouvez vous tatouer de tête de mort, de monstres, de corps nus, vouloir imposer la théorie du genre et finalement la distiller autrement, c’est toléré mais porter une croix, un voile sur la tête devient un signe ostentatoire anti-laïcité dans une école ou même l’administration.
Le musulman, comme le chrétien, comme le juif, l’athée, l’agnostique ou le citoyen ordinaire vit dans son coin de la république schizophrène en essayant d’avoir la paix dans des sociétés de capitalisme radicalisé où l’individualisme est la religion de survie. On peut crever dans la rue ou dans la misère, personne ne s’en soucierait sinon quelques associations. Du jour au lendemain, on demande au citoyen, noyé dans l’égoïsme républicain moderne où le premier parti politique est celui des abstentionnistes démissionnaires, d’être un militant, un citoyen actif pour l’ensemble de la société ou pour défendre l’image de sa prétendue communauté alors qu’il n’appartient à la communauté musulmane que l’instant d'un arrêté islamophobe, d’un article, d’un sondage ou d’une émission télévisée. Cependant, il faut dire que les terroristes islamistes ne sont pas des Dupont et autres Courtecuisse mais jusque-là à 100% des porteurs de noms Sarrasins…
Bien sûr, hormis les musulmans light qui ne fréquentent pas la mosquée, certains vont à la mosquée juste le vendredi, prient et rentrent chez eux. Le musulman lambda n’obéit à aucun clergé comme on répond à un gourou, il n’a pas un marabout traitant pour la balader entre lui et Dieu. Le musulman lambda est éduqué pour avoir le discernement. La foi est d’abord la sienne, celle qui lui permet d’appartenir à l’histoire de la création sans exister comme un caillou ou quelqu’un qui aurait percé les mystères de l'univers pour aboutir à la certitude qu’il n’y a rien de divin dans tout cela sinon le temps présent et sa course folle vers le néant.
En cela, le musulman est d'abord un déiste comme un autre, un laïc par crainte de la dictature des ignorants, un républicain qui sait le prix payé au pouvoir religieux pour avoir le progrès scientifique et la liberté de conscience. Ce musulman pratique la philosophie de l'écrasante majorité de 1,6 milliard de musulmans dans le monde qui aspirent tous à la démocratie, à la paix et au progrès dans la fraternité. Leur tranquillité est la meilleure preuve de ce qu’est l'islam ultra-majoritaire.
C’est donc un mauvais procès qu’on fait aux musulmans en général surtout d’occident que de les accuser de ne pas se manifester, de ne pas condamner publiquement sous peine de prouver qu'ils approuvent… C'est comme demander à quelqu'un de normal de prouver qu'il est sain d'esprit sous la menace imminente et permanente d'un traitement radical. Cela ne signifie pas qu’ils ne devraient pas le faire vu l’islamophobie en marche forcée, peut-être qu’il faudrait qu’ils s’organisent pour descendre dans la rue dire non ! Au moins, ils donneraient l’exemple à tous les autres citoyens pour qu’ils sortent aussi dire non ! à tout ce qui va contre les valeurs de liberté d’égalité, de fraternité leur république.
Vlane A.O.S.A.
Source : Chez Vlane (Le 29 juillet 2016)
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