Après le déguerpissement des sans domicile fixe Hratins dans les Gazras à Nouakchott en juin dernier ce sont près de 5000 mendiants tout âge et sexe confondus qui vont connaître le même sort sans plus tarder.
Le ministre de l'intérieur mauritanien a attendu la fin du Ramadan pour passer à l'acte certainement pour éviter la foudre des religieux.Les indigents vont ainsi devoir quitter la rue pour des centres d'hébergement ciblés à cet effet comme il y a dix ans de cela.Pour les observateurs encore une fois c'est une opération de communication du gouvernement pour soigner son image à l'occasion du sommet des chefs d'Etat arabe le 24 juillet prochain.Au delà de cette actualité brûlante c'est la traduction de l'impuissance du régime de Ould Aziz à lutter contre la pauvreté.
En 2010, le gouvernement mauritanien sous la houlette de Ould Laghdaf qui entamait la deuxième année du quiquennat de Ould Aziz lançait une opération d'envergure dans la capitale pour accompagner les indigents dans des sites ciblés à cet effet.Les autorités entendaient éradiquer la pauvreté en permettant à ces mendiants tout âge et sexe confondus de s'insérer progressivement dans la société.Mais malheureusement comme toute décision sans suivi et sans moyens matériels et humains ces nécessiteux retombaient finalement dans la misère.Dix années après c'est toujours le statu quo.
Le même scénario avec la décision cette semaine du ministre de l'intérieur de relancer une campagne similaire qui a surpris l'opinion publique encore loin de digérer le déguerpissement de plus de 400 femmes et enfants Hratins dans les Gazras de la capitale en juin dernier.Ce sont près de 5000 mendiants qui vont devoir quitter la rue incessamment pour des centres d'hébergement.Ce deuxième déplacement des populations les plus démunies intervient quelque jour après le Ramadan.Une façon sans doute pour les autorités de Nouakchott d'échapper aux critiques des religieux.Pour les observateurs il s'agit d'une véritable opération de communication du gouvernement pour soigner son image à l'occasion du sommet arabe le 24 juillet prochain.Au delà de cette actualité brûlante c'est le manque de résultats positifs contre la fracture sociale qui est pointé du doigt.La récente bousculade des nécessiteux dans la capitale qui a fait 8 morts devant le domicile d'un richissime mauritanien qui voulait s'acquitter de son impôt islamique reste encore dans les mémoires.Une tragédie qui remet sur la table le paradoxe de la Mauritanie, un pays islamique et de surcroît plein de richesses minières et halieutique qui ne prend pas en compte dans sa trésorerie publique cette manne venue du ciel.
La mendicité est un problème structurel et relève de la précarité de plus de la moitié de la population laissée pour compte.Le président des pauvres est devenu finalement en 7 ans de pouvoir le président des riches .En s'attaquant aux personnes fragiles le gouvernement ne fait que reculer les échéances.La campagne qui s'ouvre est une répétition des erreurs du passé c'est du déjà vu.La pauvreté, richesse des peuples ou casse tête des gouvernements ?
Bakala Kane
(Reçu à Kassataya le 13 juillet 2016)
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