El Hadj Bou El Mogdad Seck (1826–1880) est interprète-en-chef et conseiller auprès des gouverneurs de l’administration coloniale au Sénégal, de Protet en 1853 jusqu’à Brière de l’Isle en 1880, en passant par Faidherbe dont il fut un précieux auxiliaire1.
Bou El Mogdad est issu d’une grande famille saint-louisienne proche de l’administration coloniale. Il est le beau-frère de Hamet Ndiaye Ann
2, premier
cadi du tribunal musulman nommé par Faidherbe.
Bou El Mogdad est d’abord assesseur au cadi, puis lorsque celui-ci est trop absorbé par ses fonctions judiciaires, il deviendra cadi à son tour.
Pendant vingt ans il est l’interprète, le rédacteur et le traducteur de l’
arabe auprès du gouvernement du Sénégal, cité en exemple pour ses capacités à concilier son attachement profond à l’
islam et sa loyauté envers l’administration coloniale
1.
C’est aussi un explorateur qui accompagne le capitaine
Vincent dans l’
Adrar (
Mauritanie) de janvier à juin
1860, mais la présence d’un officier chrétien semble avoir engendré la méfiance et compromet l’expédition. Ils ne peuvent atteindre
Atar et
Chinguetti.
Bou El Mogdad offre alors ses services pour effectuer lui-même le voyage transsaharien en se présentant comme un pèlerin en route vers La Mecque. À cette époque-là l’administration est préoccupée par la menace grandissante que constituent les djihads de El Hadj Omar Tall et pense qu’un retour de Bou El Mogdad, désormais paré du titre de El Hadj – une distinction peu commune dans l’Afrique noire d’alors – pourrait avoir des effets bénéfiques sur l’influence française au Sénégal, ce que plaide l’intéressé : « Ce pèlerinage pourrait avoir des résultats très importants parce qu’on saurait dans le pays qu’il a été fait sous le patronage de la France »3.
Même si sa mission n’apporte rien de vraiment nouveau du point de vue de l’exploration des contrées traversées, elle est cependant menée à bien et Bou El Mogdad revient au Sénégal à la fin de
1861.
En
1869 il a participé à 22 missions ou expéditions et, après 23 ans de bons et loyaux services, il est nommé officier de la
Légion d’honneur.
Bou El Mogdad quitte l’administration coloniale en
1879 et quelques mois plus tard, en
1880, il est nommé
tamsir4 et
cadi à Saint-Louis. Il meurt la même année.
Postérité

La vieille maison, aujourd’hui en ruines, où il aurait vécu et où il recevait les
marabouts en provenance de
Mauritanie se trouve non loin du quai Roume
5, à l’angle de l’ex rue Boufflers, aujourd’hui rue Doudou Seck Bou El Mogdad
6.
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