Le club des magistrats mauritaniens s'inquiète de plus en plus du non respect de l'indépendance de la justice.
Il dénonce les manœuvres dilatoires du ministère public dans plusieurs affaires à la cour pénale et à la chambre correctionnelle près le tribunal de Nouakchott-Ouest et à la cour d'appel de Kiffa par l'envoi délibéré et ciblé de l'Inspection Générale d'Etat (IGE) après les sentences selon les propres termes du communiqué publié par Adrar Info et relayé par les réseaux sociaux cette semaine.Les magistrats interpellent ainsi le président Ould Aziz pour le respect de la séparation des pouvoirs.
Secret de polichinelle.La Mauritanie longtemps gouverné par des militaires ne fait pas exception à la règle.Les présidents successifs depuis l'indépendance en 1960 ont plus ou moins utilisé leur fonction pour avoir tous les pouvoirs.Depuis juillet 2009 l'opposition mauritanienne ne cesse d'alerter l'opinion publique sur beaucoup de scandales financiers dont le président Ould Aziz est accusé ainsi que de hauts responsables de l'administration et hommes d'affaires et grandes sociétés mixtes dont la SNIM le fleuron de l'industrie mauritanienne presque à genou véritable vache à lait du régime actuel.Cette critique vient maintenant de l'intérieur avec le club des magistrats qui en a marre des agissements du ministère public accusé de s'immiscer dans les affaires de justice en procédant à des manœuvres dilatoires pour intimider les juges par l'envoi des inspecteurs d'Etat à la cour pénale et à la chambre conventionnelle près le tribunal de Nouakchott-Ouest et la cour d'appel de Kiffa après les sentences.C'est ce qui ressort d'un communiqué publié cette semaine par Adrar Info et relayé par les réseaux sociaux.
Cette intimidation grandissante est contraire au respect de l'indépendance de la justice en Mauritanie.C'est surtout l'exécutif qui est visé et au delà cette transgression pose le problème de séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire difficilement applicable dans un pays dont les institutions d'apparence démocratiques fonctionnent comme une dictature qui cache la puissance des militaires.Les magistrats ont le sentiment ainsi qu'ils ont été trahis par le premier magistrat du pays qui avait promis depuis qu'il est élu en 2009 de veiller à l'indépendance de la justice en respectant le principe de séparation des pouvoirs.Cette difficile cohabitation est d'autant plus préjudiciable à la démocratie en premier lieu et à l'économie mauritanienne avec comme conséquence la fuite des capitaux étrangers.En attirant l'attention du locataire du palais de Nouakchott sur la mal gouvernance les magistrat font d'une pierre deux coups.
Bakala Kane
(Reçu à Kassataya le 17 juin 2016)
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