Moyen-Orient et CIA : vrais complots ou parano ?

Chute de Mossadegh en 1953 et de Saddam Hussein en 2003, relations ambiguës avec Kadhafi… La rue arabe voit la main de la CIA partout.

Suite de notre dossier sur la CIA.

 

Elle aurait soufflé insidieusement le vent du Printemps arabe, renversé les anciens alliés locaux de l’Amérique, fait accéder l’islamiste Mohamed Morsi au pouvoir en Égypte en 2012 avant de le destituer en 2013, attisé le jihad en Syrie pour créer le monstre Daesh… À en croire la rue arabe, la CIA serait l’ordonnateur pervers de tous les désordres et désastres régionaux.

On ne prête qu’aux riches : sa responsabilité établie dans le renversement du Premier ministre iranien Mossadegh en 1953, son rapport sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein (ce rapport concluait que le raïs n’en possédait pas, mais l’administration américaine prétendit le contraire afin de justifier son invasion de l’Irak en 2003), la révélation de ses « 50 plans » pour renverser le Syrien Bachar al-Assad depuis 2011 ne sont que quelques aspects aujourd’hui connus de ses manœuvres en eau trouble.

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Refroidissement avec Khadafi

Le cas libyen illustre sa stratégie à courte vue au Maghreb et au Moyen-Orient. En 1969, la CIA laisse un groupe de jeunes officiers renverser le roi Idriss et, obnubilée par la menace soviétique, voit dans le colonel Kadhafi un allié. À trois reprises entre 1969 et 1971, la CIA l’aurait informé de complots fomentés contre lui. Changement de décor en 1973 : lors de la guerre israélo-arabe, le leader libyen veut se procurer des armes et se tourne vers Moscou. Les relations avec Langley se refroidissent.

En 1981, lorsque Ronald Reagan est élu à la Maison Blanche, le colonel passe désormais pour un ennemi, et la CIA monte des plans pour le renverser. Ils restent dans les cartons jusqu’au détournement, en 1985, d’un Boeing de la TWA, que la CIA attribue aux services de Kadhafi. Le 15 avril 1986, la chasse américaine bombarde le repaire du « Guide », qui en réchappe de justesse.

En 1988, elle parvient à retourner contre lui le général Khalifa Haftar, fait prisonnier pendant la guerre du Tchad en 1987 et l’exfiltre aux États-Unis. Son seul complot connu échoue.

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Nouveau coup de théâtre, en 2003, quand la fin de Saddam Hussein terrorise Kadhafi au point de le pousser à collaborer avec les Américains sur le dossier terroriste. Des archives saisies durant la révolution de 2011 ont révélé que la CIA avait fourni au « Guide » des informations sur ses opposants et envoyé de présumés terroristes se faire « interroger » en Libye. Parmi eux, l’islamiste Abdelhakim Belhadj, devenu, comme son ennemi Haftar, l’un des acteurs incontournables de la crise actuelle.

Laurent De Saint Perier

 

Source : Jeune Afrique

 

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