Moussa Ndiaye : « Je défie quiconque de me prouver que l’esclavage existe en Mauritanie »

Journaliste à la télévision mauritanienne et responsable du bureau de la région de Gorgole et de Guidimakha et par ailleurs initiateur du site web www.tvpresse.info, Moussa Ndiaye ne veut plus entendre parler de l’existence de l’esclavage dans son pays, la Mauritanie.

Le Journaliste d’investigation qu’il est, lui permet de jauger le climat sociopolitique de son pays pour balayer d’un revers de main, ce qu’il qualifie de campagne d’intoxication et de désinformation contre la République Islamique de la Mauritanie.

Peignant un tableau reluisant de son pays, Moussa Ndiaye qui est natif du Fouta, région sud de la Mauritanie, est d’avis que la liberté d’expression est une réalité chez lui, de même que le respect des droits humains. C’est dans ce sens d’ailleurs qu’il n’hésite pas à défier quiconque sur l’existence de l’esclavage en Mauritanie qui n’est qu’une vue de l’esprit de certains «malfaiteurs ».

 

Moussa Ndiaye, vous êtes journaliste à la télévision mauritanienne et responsable du bureau de la région de Gorgole et de Guidimakha et par ailleurs initiateur du site web www.tvpresse.info   et en même temps vous êtes sur une piste de mise en place d’un réseau presse et droit de l’homme. Pouvez-vous nous faire l’état des lieux de la situation de la liberté d’expression dans votre pays, la Mauritanie ?

Je dirai que la liberté d’expression en Mauritanie se porte bien puisque nous sommes à la 48ème position à l’issue du classement du Reporter International. C’est vous dire que la liberté d’expression c’est du concret, c’est de la réalité et la volonté politique est également là pour justement accompagner cette liberté  d’expression…. Ce qui cependant manque un tout petit peu, c’est le professionnalisme de certains organes de presse. Mais comme vous le savez, un journaliste professionnel ne fera jamais la prison en ce sens qu’il est neutre, responsable et sincère et qu’il se doit lui-même de faire un autocensure. Parce que quand on est responsable, on ne va jamais attaquer la vie privée d’une personne. Un journaliste professionnel c’est quelqu’un qui livre une information crédible et juste. 

 

Donc selon vous la situation est plus que normale entre presse et pouvoir en Mauritanie.

Entre autorités et journalistes, entre autorités et presse, la situation est normale pour ne pas dire excellente. Mais pour certains confrères, ….

Qu’est-ce qui vous pousse à  souligner ce MAIS ?

Parce que l’autorité est là et nous sécurise en nous permettant de travailler en tant que journaliste. Mais certains confrères ne sont pas professionnels.

Donc ces manquements sont plutôt endogènes au milieu de la presse et des journalistes…

Oui puisqu’il y a la liberté d’expression, la libéralisation de la presse et de l’audiovisuel. Aujourd’hui on ne passe plus par le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation pour avoir un récépissé de reconnaissance. En un seul jour tu peux faire toutes les formalités et on autorise n’importe qui à ouvrir ou à créer son organe de presse. Aujourd’hui, nous avons des professeurs qui soit parlent bien en français ou en arabe, se proclament journalistes et publient des infos qui ne répondent pas aux principes journalistiques.

Alors parlez-nous un peu de la situation des droits de l’homme en République Islamique de la Mauritanie. 

La situation des droits de l’homme se porte très bien en Mauritanie. En tant que journaliste de la télévision mauritanienne, il m’arrive de publier des articles qui sont très critiques et je me demande même parfois après relecture si c’est vraiment moi qui suis l’auteur de ces écrits. C’est vous dire simplement qu’on a toute une liberté de s’exprimer, d’écrire et de dire ce qu’on pense en restant déontologique. Maintenant sur le plan des droits de l’homme, il faut reconnaitre que de la même manière dont les gens exercent leurs droits, ils doivent également être respectueux de leurs devoirs.

Oui, cela n’empêche pas les gens de parler de l’existence de l’esclavage en Mauritanie et de l’existence de mauritaniens de seconde zone

Je suis mauritanien et fier de l’être. Je n’ai aucun complexe d’être mauritanien. La Mauritanie est dans mon cœur et dans mes veines. Je suis un cadre mauritanien et journaliste. Je dois vous dire qu’il est temps d’arrêter cette campagne d’intoxication contre l’Etat mauritanien, contre le Président de la République, contre le gouvernement et contre le peuple mauritanien. Je vais vous rappeler que le Président de la République a dit devant  la presse qu’il n’existe pas d’esclavage en Mauritanie.

Mais les faits sont têtus. Nous avons tous suivi l’arrestation de l’opposant mauritanien Birane, qui soutient que l’esclavage existe bel et bien en Mauritanie.

Non, l’esclavage n’existe pas en Mauritanie. Je rejoins le président de la République pour vous dire que cela n’existe pas. Maintenant ce qui se passe en Mauritanie ce sont les séquelles de l’esclavage… Nous vivions dans des communautés avec leurs cultures et leurs valeurs. Moi qui vous parle, je suis Torodo, dans le Fouta et dans le Toro….. Chez les maures également, ils ont leur culture et leurs valeurs.

Nous vous comprenons très bien, comme au Sénégal, il existe des castes avec les torodos, les niégnos, les «mathioudo», etc. Mais personne n’ose se prévaloir d’être le maître ou l’esclave de qui que ce soit.

Je vous dis que c’est la même chose en Mauritanie. Je vous donne un exemple à Kaédi, là où je suis né. Là-bas j’ai trouvé un groupe d’individus qui sont des Halpoularen qui ont créé un mouvement qui s’appelle « Endam Bilal » (les descendants de Bilal) et se considèrent comme des descendants d’esclaves. C’est vous dire qu’ils sont fiers d’être des petits fils d’esclaves, mais eux ne sont pas en vérité des esclaves. Maintenant qu’est-ce qu’il faut faire avec ces gens qui sont fiers de leur racine d’esclave. Comme je suis fier de mes racines Torodo, l’autre est fier d’être Thioubalo (pêcheur)…

Mais tout cela se fait dans une certaine égalité des citoyens devant la loi, la constitution…

Je vous dis et je vous le répète que devant la Constitution, on n’a pas de problème. Je défie quiconque de me prouver qu’il existe de l’esclavage en Mauritanie ou que quelqu’un est considéré comme esclave en Mauritanie ou que c'est parce qu’il est noir qu’il n’a pas droit à telle ou telle autre chose. Ce sont de fausses informations, une campagne d’intoxication qui porte atteinte non seulement à la Mauritanie mais aussi aux cadres mauritaniens. Maintenant en tant que Mauritanien, je me bats contre le racisme, contre l’esclavage, contre l’injustice. Juste une anecdote d’un nigérian qui a voulu semer la confusion en tenant un discours soutenant que les noirs sont marginalisés en Mauritanie. Je lui ai tout de suite demandé d’arrêter. Parce que ce qu’il disait n’était pas conforme à la réalité.  

Oui mais avant de se référer au cas du Nigérian, il existe aussi des sénégalais qui sont souvent maltraités et indexés en Mauritanie par le simple fait qu’ils sont sénégalais ou noirs.

Entre la Mauritanie et le Sénégal, il ne saurait exister des problèmes puisque nous sommes unis et nous sommes ensemble. Il n’y a que le fleuve qui nous sépare et rien d’autre ne peut nous séparer. Ma maman qui est la fille de Elimane Rindiaw (Doumga dans la région de Matam) me racontait l’histoire des terres que nous avons au Sénégal et des sénégalais qui ont également des terres en Mauritanie. Alors j’ai dit à ma mère que ça ne marche pas comme ça d’autant plus que nous sommes deux pays différents. Et ma mère m’a demandé de ne plus répéter ça chez les Foutankobé (les habitants du Fouta du nord comme du Sud). C’est pour vous dire qu’ils (les fountakobés) ne reconnaissent pas ça. Une manière de dire que nous sommes unis et indivisibles. Maintenant concernant les sénégalais en Mauritanie, je vous dirai encore qu’ils n’ont aucun problème là-bas et comme les mauritaniens n’ont pas de problème au Sénégal. Ce qui passe c’est qu’il est arrivé une fois un sénégalais est revenu de la Mauritanie et n’avait rien du tout et pour se donner bonne conscience, il déclare qu’il a été expulsé alors qu’on a fait le voyage de Nouakchott à Saint-Louis.  En réalité, il n’était pas en règle dans un  contexte de terrorisme et d’insécurité, il a été renvoyé à la frontière. Moi-même pour entrer au Sénégal, je me conforme à la législation, en étant en règle avec toutes les formalités. Je n’ai jamais eu de problème au Sénégal. Pour conclure, je vous dirai qu’il n’y a aucun problème entre le Sénégal et la Mauritanie et il n’y a aucun problème entre les ressortissants sénégalais et les mauritaniens en terre mauritanienne. Il y a beaucoup de sénégalais qui gagnent bien leur vie en Mauritanie et vice-versa. C’est de l’intoxication qui donne une occasion aux malfaiteurs de porter atteinte à la Mauritanie.

Vous avez évoqué la question du terrorisme. Justement parlons-en! Comment appréhendez-vous cette question de lutte contre le terrorisme en Mauritanie ?

J’aimerai tirer mon chapeau au Président Aziz qui est un homme que le pouvoir est venu chercher, et non le contraire, en tant que garde présidentiel. C’est un stratège dans le domaine de la sécurité. Avant 2005, les coups d’Etat se terminaient dans le sang et oi tuant les militaires comme des mouches. On entendait des tirs en plein jour à Nouakchott… Mais force est de constater que la situation est maitrisée grâce à la politique et à la stratégie de Mohamed Ben Abdel Aziz. Le terrorisme est un phénomène international. Le terroriste peut être un noir comme un blanc. Ce qui justifie la campagne de contrôle systématique engagée par la Mauritanie qui n’a pas véritablement de problème parce que la situation est bien maîtrisée.

 

Votre dernier mot

Je voudrai juste vous remercier en louant votre professionnalisme et votre accueil…

 

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Source : Dakaractu

 

 

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