A peine sorti de prison le chef historique de l'IRA persiste et signe qu'il poursuivra sans merci la lutte qu'il a toujours mené contre l'esclavage et le racisme en Mauritanie et refusera toute obéissance au régime de Ould Aziz. Ould Abeid a laissé entendre cette forte conviction face à la presse nationale dès sa libération cette semaine à Nouakchott par la cour suprême du pays.
Une mise en liberté que le leader Hratine qualifie de victoire des droits de l'homme.Pour les observateurs ce nouveau défi du plus célèbre militant anti-esclavagiste mauritanien est une pierre lancée dans le jardin du président Ould Aziz pour répondre au discours de Néma sur les Hratines. Ce verdict de la cour suprême relance le problème de l'indépendance des institutions mauritaniennes.
Coïncidence ou pas la libération cette semaine du président de l'IRA et de son vice-président intervient au moment où la Mauritanie enregistre la première condamnation d'un esclavagiste maure à cinq ans de prison avec une amende d'un million d'ouguiya par la cour criminelle spécialisée à Néma où le président mauritanien vient d'effectuer une visite controversée au cours de laquelle il a justifié la pauvreté des Hratines et des négro-mauritaniens par leur forte démographie. En tout cas le leader Hratine n'a pas mâché ses mots dès sa première sortie avec la presse nationale après plus d'une année d'emprisonnement en fustigeant le régime de Ould Aziz.Le chef historique de l'IRA a laissé entendre qu'il ne fera pas de cadeau aux autorités de Nouakchott encore moins participer au dialogue politique auquel participe actuellement l'opposition. Et qu'il ne cédera pas à une quelconque obéissance au régime actuel.
C'est clair Ould Abeid reste convaincu de ses idées jusqu'à la libération totale de sa communauté qui représente près de 45 pour cent de la population mais la plus pauvre voire la moins alphabétisée du pays.En tout cas cette mise en liberté rapide des deux plus hauts dirigeants de l'IRA est saluée par tous les mauritaniens et même par les diplomates étrangers dans la capitale mauritanienne à commencer par l'ambassadeur des Etats-Unis.Les observateurs y voient la réponse politique au cri d'alarme sur l'exclusion notamment des Hratines et des atteintes aux droits de l'homme par le rapporteur onusien suite à sa visite cette semaine à l'intérieur du pays.Les retombées également du discours de Néma y sont pour quelque chose dans le règlement de la cohabitation et une meilleure gouvernance des régions que le locataire de la Maison brune appelle de tous ces vœux.Ould Aziz est loin de boucler son puzzle mais face à un adversaire de taille qui était arrivé second aux dernières présidentielles et plusieurs fois lauréats de prix internationaux pour les droits de l'homme, il devra encore plus ruser.Peut-être que la carte de vice-présidence pour les Hratines pourrait aller dans le sens d'une décrispation politique et d'une meilleure cohabitation .En attendant d'autres propositions cette libération des militants anti-esclavagistes relance également la question de l'indépendance des juges en Mauritanie.Il a fallu plus d'une année pour en arriver là alors que les accusés n'avaient commis aucun crime si ce n'est d'avoir organisé une caravane pour protester contre l'esclavage foncier et l'accaparement des terres de la Vallée.
Bakala Kane
(Reçu à Kassataya le 18 mai 2016)
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