APP : L’autorité de Messaoud Ould Boulkheir contestée

Timonier de la cause harratine dans les années 90 et au début des années 2000, Messaoud Boulkheir, connu pour son opposition intransigeante durant la période de braise, sous les vingt et une années de règne de Ould Taya, semble s’être assagi avec l’âge.

Son rapprochement avec Mohamed Abdel Aziz, depuis le fameux « coup d’état électoral » au 2ème tour de la présidentielle de 2006, en fait aujourd’hui l’un des alliés les plus écoutés par l’occupant actuel du Palais ocre, malgré son statut d’opposant.

Plus proche des thèses défendues par le pouvoir que celles de ses anciens alliés de l’opposition dite radicale, regroupée au sein du FNDU, Messaoud Ould Boulkheir est également de plus en plus contesté au sein de son parti, l’Alliance populaire progressiste (APP) et n’est plus considéré par une grande frange de la jeunesse harratine comme un défenseur de leur cause.


En l’espace d’une semaine, Messaoud Ould Boulkheir s’est entretenu à trois reprises et en aparté avec le président Mohamed Abdel Aziz. La dernière fut le mardi 10 mai dernier. Ce qui fait de lui l’opposant le plus fréquent au Palais présidentiel et l’émissaire le plus assidu dans le rapprochement entre le camp de la majorité et le reste de l’opposition.

Nageant à contre-courant des adversaires du pouvoir en place, Ould Boulkheïr a toujours prôné le rapprochement et le dialogue sans concession. A la confrontation et à l’opposition radicale, Messaoud Ould Boulkheir a opté pour une stratégie politique, qualifiée par certains de centriste, voire de modérée, qu’il partage avec El Wiam de Boïdiel Ould Houmeid et le parti Sawab d’Abdessalam Ould Horma. C’est à ce titre que le trio avait d’ailleurs claqué la porte du FNDU (Forum national pour la démocratie et l’unité) considérée comme l’opposition la plus extrême, pour s’engager dans un dialogue à quatre avec la majorité présidentielle en 2011.

Aujourd’hui, le consensus dont bénéficiait Messaoud Ould Boulkheir au sein de son parti, l’Alliance populaire progressiste (APP) ne semble plus être de mise. De plus en plus, son autorité est contestée, comme ce fut le cas, il y a quelques jours lorsqu’au cours d’une réunion du Bureau exécutif de son parti, certaines dissidences se firent entendre, prônant leur refus d’aller au dialogue politique convié par le pouvoir. En effet, ils étaient nombreux les membres du directoire de l’APP qui ne partagent plus la position de leur leader, partisan d’un dialogue sans condition. Cette fois, ils exigent des conditions avant de participer à tout futur dialogue avec le régime. Ils auraient ainsi proposé la mise en place d’une commission chargée de poser les pré-requis, entre autres, l’exécution de tous les points d’accord encore en suspens conclus lors du dialogue politique de 2011.

L’autre refus cinglant, est celle relative à la demande de Messaoud Ould Boulkheir d’exclure du parti tous ceux qui avaient pris part à la marche du Pacte pour les droits économiques, sociaux et culturels des Harratines, organisée le 29 avril 2016. Là aussi, il a été largement contredit. La position de Messaoud par rapport au Manifeste dont il n’adhère pas aux idéaux, ainsi que ses positions de plus en plus ambigües par rapport à la question harratine d’une manière générale et de l’esclavage d’une manière particulière, ont beaucoup fait baisser sa côte de popularité, notamment au sein de la jeunesse harratine.

Il faut dire que l’entente entre Mohamed Abdel Aziz et Messaoud Ould Boulkheir remonterait aux élections présidentielles de 2006, lorsque sur la demande de Mohamed Ould Abdel Aziz, Messaoud décida de soutenir Sidi Ould Cheikh Abdallahi au deuxième tour au détriment du camp de l’opposition traditionnelle rangée derrière le candidat Ahmed Ould Daddah. En contrepartie, il obtiendra la présidence de l’Assemblée nationale, avec 5 députés sur 95. Plus tard, Messaoud Ould Boulkheir jouera un rôle déterminant durant la période la plus cruciale du règne de Ould Abdel Aziz, lorsque ce dernier fut hospitalisé à Paris suite au fameux tir de Tweïla et que son pouvoir était presque dans la rue. Messaoud sera également porteur de plusieurs initiatives et feuilles de route pour rapprocher le pouvoir et ses opposants les plus radicaux, même si ces démarches se sont heurtées à l’intransigeance des deux camps.

Les rapports entre Messaoud et Mohamed Abdel Aziz connaîtront cependant une brève tension après 2013, lorsque nommé Président du Conseil économique et social après avoir perdu la présidence de l’Assemblée nationale à la faveur des législatives de 2013, des problèmes financiers vinrent perturber la bonne entente. Ces problèmes semblent aujourd’hui dépassés et la bonne entente semble être revenue, à la faveur des multiples audiences que le président Mohamed Abdel Aziz accorde à Messaoud, à tel point que ses détracteurs voient en lui, « l’un des conseillers occultes » du palais présidentiel, sinon l’un de ses « chargés de mission ».

JOB

 

Source : Lauthentic.info

 

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