Pas de consensus sur le Sahara occidental à l’ONU

Pour la première fois, un vote a été nécessaire pour renouveler le mandat de la mission des Nations unies.

 

La Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) a été reconduite pour un an, vendredi 29  avril, par le Conseil de sécurité. Mais c'est une mission vidée de sa substance politique depuis que le Maroc a expulsé 75  membres de son personnel civil international le 20  mars, soit les deux tiers de l'équipe chargée de la logistique et de l'administration d'une mission qui compte aussi 245  casques bleus.

Rabat avait décidé d'expulser le personnel onusien à la suite de la première visite du secrétaire général Ban Ki-moon au Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en  1975 et revendiquée par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario. M.  Ban avait évoqué lors de sa visite d'un camp de réfugiés près de Tindouf " l'occupation " de ce territoire par le Maroc. Ses propos avaient provoqué la colère du royaume chérifien qui avait immédiatement pris des mesures de rétorsion.

Depuis un mois, les tractations et les entretiens bilatéraux se sont accélérés entre le groupe des amis du Sahara occidental (Russie, France, Royaume-Uni et Espagne) et le Maroc pour convaincre Rabat de restaurer la pleine fonctionnalité de la Minurso, sans résultat. Une source diplomatique assure que la mission tourne " grâce à un peu de chance ". " Une simple tempête de sable et une panne de générateur " peuvent mettre un terme à l'activité de la mission sur place qui ne compte plus que 28  expatriés à Laayoune. C'est une contrôleuse aérienne qui est, notamment, obligée d'assurer le poste d'assistante à la chef de mission, Kim Bolduc.

Conflit vieux de quatre décennies

Le renouvellement du mandat de la Minurso, créée pour surveiller le cessez-le-feu et organiser un référendum sur le statut de ce territoire, fait l'objet chaque année d'intenses débats qui tournent court sous la pression marocaine activement relayée par la France, son soutien historique au Conseil de sécurité, dotée du droit de veto.

Mais, pour la première fois cette année, le renouvellement du mandat n'a pas été décidé par consensus. Il a fallu passer par un vote qui témoigne de l'exaspération d'une partie du Conseil de -sécurité devant le manque de transparence et de volonté politique de régler un conflit vieux de quatre décennies, qui constitue un foyer d'instabilité au cœur du Maghreb. Le Venezuela et l'Uruguay ont voté contre, tandis que la Russie, l'Angola et la Nouvelle-Zélande se sont abstenus, jugeant que le langage utilisé n'était pas assez ferme contre le Maroc.

Le texte de la résolution " souligne qu'il est urgent que la Minurso puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions " et donne quatre-vingt-dix jours au secrétaire général pour faire un rapport au Conseil de sécurité. " Si la Minurso ne peut toujours pas exercer pleinement mandat ", le Conseil s'engage " à examiner les meilleurs moyens pour parvenir à cet objectif ".

La Nouvelle-Zélande s'est déclarée déçue, tandis que l'Angola a jugé le texte " partial ". Il " envoie un signal politique qui n'est pas correct ", a jugé le représentant adjoint russe, particulièrement véhément, qui a regretté un paragraphe prenant " note des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l'avant vers un règlement ".

La France a, au contraire, estimé par la voix de son représentant François Delattre que cette résolution " était équilibrée " et qu'il fallait désormais " créer les conditions qui permettront de retrouver un climat plus apaisé ". Mais ce débat sur la forme de la mission au Sahara occidental aura une nouvelle fois occulté le débat sur le fond : l'incapacité des Nations unies à organiser un référendum promis aux Sahraouis depuis 1991.

Marie Bourreau

 

Source : Le Monde

 

 

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