Avec plus de 1 milliard d'utilisateurs, Facebook dispose d'un pouvoir énorme sur la façon dont l'information circule auprès du grand public. Au point de pouvoir consciemment manœuvrer les résultats d'une élection?
Selon le site Gizmodo, des employés du réseau social ont récemment demandé à Mark Zuckerberg, en utilisant un sondage interne, «quelle était la responsabilité de Facebook afin d'empêcher une présidence Trump en 2017». Le même Zuckerberg qui s'est livré lors d'une conférence, sans le nommer mais de manière assez limpide, à une critique de Trump en attaquant «les marchands de peur qui appellent à bâtir des murs».
L'entreprise a réagi à cet article dans un communiqué, sans préciser si le sondage dont parlait Gizmodo était vrai:
«Nous encourageons tous les candidats, groupes et électeurs à utiliser notre plate-forme pour partager leurs vues sur l'élections et débattre des sujets. En tant qu'entreprise, nous sommes neutres –nous n'avons pas utilisé et n'utiliserons pas nos produits afin d'essayer d'influencer le vote des gens.»
Interrogé sur Fox News, Donald Trump a lui eu une réponse assez trumpienne, expliquant qu'il ne pouvait imaginer le réseau social faire ce genre de choses car il est «l'une de leurs grandes stars».
Derrière cette question se cache un débat fondamental: Facebook n'est pas qu'un pur tuyau qui laisserait passer des contenus, puisque son algorithme les trie et sélectionne ceux jugés les plus intéressants. Il est donc un média, mais un média sans rédacteur en chef humain et sans éditoriaux pour clarifier sa position. «Facebook dispose des mêmes droits conférés par le Premier amendement que le New York Times. Ils peuvent complètement bloquer Trump s'ils le désirent. Le bloquer ou le promouvoir», estime ainsi Eugene Volokh, un juriste interrogé par Gizmodo.
En 2012, Facebook avait estimé que les outils qu'il met à disposition des internautes avaient un impact sur la mobilisation électorale en augmentant le taux de participation: un phénomène qui peut paraître neutre mais qui ne l'est pas, puisque cette hausse toucherait des électeurs tendanciellement plus enclins à voter démocrate. Le fait de filtrer négativement les contenus consacrés à Trump constituerait évidemment une pratique bien plus extrême. Sans aller jusque là, Eric Levitz, du New York Magazine, s'interroge sur la façon dont les récentes prises de position publiques de Mark Zuckerberg mélangent critique de pratiques illégales et antidémocratiques (racisme, censure) et critique de prises de position formulables dans un cadre démocratique (réduction de l'immigration, instauration de barrières commerciales), et conclut:
«Personnellement, je pense qu'un monde où les gens puissent traverser librement les frontières constitue un idéal auquel il est bon d'aspirer. Mais je ne suis pas sûr que je veuille voir Facebook se sentir la responsabilité d'empêcher les États-Unis d'adopter une politique d'immigration plus restrictive.»
Source : http://www.slate.fr/
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