Le verrou sur la limitation des mandats est inviolable sauf par un coup d’Etat, on veut croire qu’il s’agirait plus d’une simple stratégie « d’enfumage-putschiste ».

Dans ces derniers jours, les sorties ou les déclarations de pas moins de trois ministres : de la justice, de l’économie et des finances et le ministre porte-parole du gouvernement -des appels à la violation de la loi fondamentale- ont suscité de fortes réactions d’indignation.

 
Si on pouvait croire ou imaginer un seul instant que ces appels venaient de leur propre imagination ou initiative, personne n’aurait perdu son temps à prêter la moindre attention.

Mais comme chacun sait que chez-nous, en Mauritanie – surtout depuis l’avènement de pouvoirs militaro-affairistes- un ministre est rarement nommé pour ses compétences jamais pour sa liberté et ne dispose d’aucune autonomie et ne pourrait ni n’oserait prendre la moindre initiative sans le bon vouloir de son « leader éclairé et bien-aimé ».
On peut donc facilement comprendre que, si ces ministres ont osé demander la violation de notre constitution c’est qu’ils ont eu au moins l’intime conviction que cela ne va pas déplaire à Ould Abdel Aziz ou mieux, qu’ils auraient même eu son feu vert pour faire ces provocations.

Et pourtant C’est bien Ould Abel Aziz, un musulman et dans un pays musulman qui avait mis sa main sur Coran -ce Coran que nous avons de plus cher et le plus respecté dans ce pays- et juré au nom d’Allah le tout Puissant devant peuple et devant la face monde qu’il respectera à la lettre et l’esprit cette constitution en ces termes et nomment :

« Je jure par Allah l’Unique de ne point prendre ni soutenir, directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relatives à la durée du mandat présidentiel et au régime de son renouvellement, prévues aux articles 26 et 28 de la présente Constitution. »

Article 26. Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct.

Article 28. Le président de la République est rééligible une seule fois.

Ce serment a été prêté devant le Conseil constitutionnel, en présence du bureau de l’Assemblée nationale, du bureau du Sénat, du président de la Cour suprême et du président du Haut Conseil islamique.

On peut donc difficilement imaginer un instant qu’Ould Abdel Aziz puisse revenir sur ce serment, au moins par le respect de sa religion et de son peuple et d’éviter ainsi le parjure et aussi d’éviter des conséquences qui pourraient faire basculer la Mauritanie dans l’inconnue.

Mais pourquoi donc laisse-t-il ses ministres faire de la provocation avec tous les risques que cela peut entrainer pour le pays ?

A mon avis et jusqu’à preuve du contraire, il s’agit de la stratégie « d’enfumage-putschiste » que ce pouvoir affectionne à merveille et toute sa politique se repose sur elle.

Elle consiste à faire semblant d’être prêt à tout compromis, à promettre tout et de prendre des engagements voire même de les signer, ou encore lorsque les scandales l’accablent d’allumer les contre-feux de toutes sortes même les plus dangereux pour le pays, et avec seul objectif chercher, tromper et à déstabiliser l’autre -c’est la seule politique qui vaille pour ce pouvoir –  stratégie très dangereuse, car dans le meilleur des cas ne elle fait qu’approfondir la crise dans le pays.

Dans la situation présente l’explication qui nous semble plausible qui peut dans une certaine mesure cadrer avec la rationalité particulière de ce pouvoir, serait pour desserrer l’étau qui l’étrangle, il faut créer l’EVENEMENT quel qu’en soit le prix pour désorienter ses adversaires. Pour cela :

n    Il faut d’une part, chercher à changer de façon spontanée et immédiate l’ordre du jour national : la misère populaire, les sociétés d’Etats en faillites, les scandales à répétition : les détournements, les affaires de drogues, les révélations de la presse internationales sur les accords secrets avec les terroristes et la listes n’est pas exhaustive, mais aussi mettre au second plan ou faire oublier les réussites de la mobilisation populaire de l’opposition.

n    D’autre part, et en même temps, faire peur à ses propres courtisans, les dissuader de toutes tentations. L’échéance du départ s’approchant inéluctablement, ses laudateurs renifleurs seraient à la recherche d’horizons nouveaux prometteurs et pourraient prendre le large ou la pente s’éloigner et créer ainsi un désert autour de lui. Il faut donc coûte que coûte les maintenir, surtout dans ces périodes critiques. Mais comme toutes les stratégies bancales, celle-ci pourrait aussi avoir des séquences très grave pour la Mauritanie, menacée de partout – de l’intérieur comme de l’extérieur-

Si maintenant c’est le pire scénario qui est envisagé, après tout, tout est possible avec ce genre de pouvoir autocratique, à savoir la violation de la loi fondamentale, c’est-à-dire un coup d’Etat, en ce moment, il ne laisse plus désormais d’autres choix aux patriotes et l’ensemble du peuple mauritanien que de se dresser pour lui barrer la route.

Marega Baba

France

 

(Reçu à Kassataya le 2 avril 2016)

 

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