Derrière la polémique suscitée par la vidéo de Serge Aurier, la relation compliquée entre footballeurs et réseaux sociaux

FOOTBALL – C'est la polémique qui a enflamme le monde du football en ce dimanche 14 février. Au détour d'une discussion avec ses fans sur Periscope, le défenseur du PSG Serge Aurier a -entre autres expressions raffinées- traité son entraîneur Laurent Blanc de "fiotte".

Une sortie d'abord démentie par l'intéressé mais qui lui vaut tout de même une mise à l'écart de son équipe et ce, deux jours avant un match très important contre Chelsea en Ligue des Champions. Autant dire que cette polémique n'arrange ni les affaires du PSG ni celles de Serge Aurier.

Si le joueur n'en est pas à sa première polémique sur les réseaux sociaux, il est en revanche très loin d'avoir le monopole des dérapages chez les footballeurs. Car en effet, cette dernière polémique illustre la relation compliquée qu'entretiennent les stars du ballon rond avec les réseaux sociaux. Entre coups de sang, insultes et besoin d'exister, les footballeurs ne naviguent pas sur Internet comme sur un long fleuve tranquille.

Quand les internautes déterrent des tweets embarrassants

S'il sont soucieux de leur image, notamment parce que leurs bases de fans intéressent les sponsors, les footballeurs peuvent s'avérer négligeant côté "e-réputation". En témoignent les nombreux tweets honteux que les internautes aiment exhumer et qui mettent le joueur et le club dans l'embarras. Dernière polémique en date dans l'Hexagone, celle concernant (déjà) des joueurs parisiens. En mai 2015, un utilisateur de Twitter s'est amusé à déterrer un tweet juvénile datant de 2012 du jeune joueur de l'OL Corentin Tolisso. Outre ce tweet embarrassant dans lequel le latéral lyonnais tressait des lauriers à Matt Pokora, la pratique consistant à fouiller dans les "timeline" des joueurs de foot en a inspiré plus d'un.

Résultat, plusieurs joueurs du PSG (Mory Diaw et Jean-Christophe Bahebeck en tête) ont été épinglés pour des tweets plus que limites. Le club de la capitale s'était d'ailleurs fendu d'un communiqué pour expliquer que ces comptes avaient été piratés. Une explication à laquelle personne n'a jamais vraiment cru. Si la plupart des footballeurs parviennent à tisser un lien avec leurs fans via Twitter ou Facebook en partageant leur quotidien ou leur activités extra-sportives (Blaise Matuidi ou Mamadou Sakho pour ne citer que des joueurs jouant ou passés par le PSG), d'autres n'ont pas cette aisance. Mais alors, comment expliquer que des joueurs puissent dire de telles énormités sur un réseau social public?

Comme l'explique So Foot, "il faut se rappeler qu'à cette époque, en 2012, Twitter n'était que 'confidentiel' en France, n'avait absolument pas le poids de Facebook par exemple, et ne servait pas encore d'outils de communication externe aux footballeurs, ni même aux clubs. Bien au contraire, il apparaissait plutôt comme un outil discret, que les jeunes footeux ont visiblement pris pour un service de chat". Problème : personne ne leur a visiblement dit que rien ne s'efface sur Internet.

"Je me dois d’être constamment aux aguets"

Au regard de l'ampleur de la polémique de ce dimanche, une question se pose : comment se fait-il qu'un joueur professionnel évoluant dans un grand club puisse faire un tel dérapage ? Déjà, rien dans le contrat du joueur en question ne semble l'obliger à confier ses comptes Facebook et Twitter à un community manager. Interrogé par Rue89, l'agent de joueurs David Venditelli explique la difficulté de gérer le rapport qu'ont les footballeurs avec les réseaux sociaux. "Je me dois d’être constamment aux aguets, notamment avec les jeunes. On sensibilise nos joueurs autant que possible sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire sur les réseaux sociaux", rapporte-t-il confiant que le comportement de certains "peut vraiment être source de problème".

Pour se prémunir des dérapages, certains n'hésitent pas à employer la manière forte à l'image du sélectionneur de la Russie Fabio Capello qui avait carrément interdit à ses joueurs de tweeter pendant la coupe du monde 2014. "Il ne faut pas dire n’importe quoi, ni mettre des choses intimes du groupe", récitait cette même année le milieu de terrain tricolore Rémy Cabella après une mise au point de Didier Deschamps sur ce sujet.

Car la hantise de tout sélectionneur ou entraîneur, c'est bien l'événement extra-sportif qui viendra pourrir une compétition. "Dès lors que le joueur ou le club a une certaine notoriété, un dérapage via un tweet malencontreux ou un mauvais post sur Facebook suscite un "bad buzz" qui peut pousser le club à présenter ses excuses voire pour le joueur à ne plus être sélectionnable", expliquait d'ailleurs à So Foot David Fayon, spécialiste de la communication numérique auteur de Facebook, Twitter et les autres. Pour éviter ce type de déconvenues qui peut mettre en danger leur carrière, certains footballeurs font donc appel à des agences de com'.

Confier son compte pour se protéger

Certaines histoires s'assimilant à des accidents de carrière ont visiblement incité de nombreux footballeurs à confier leur compte à un professionnel. À titre d'exemple, le tweet à connotation raciste de Mario Balotelli lui avait valu de se faire poursuivre par la fédération anglaise. De quoi effectivement se résigner à déléguer ses activités numériques. Pour cela, il y a des entreprises qui proposent aux joueurs de s'occuper des réseaux sociaux. Cité par Rue 89, Sébastien Bellencontre, le patron de 4Success , explique que la crainte de déraper est l'un des motifs d'adhésion à cette solution. "La majorité du temps, les sportifs viennent nous voir parce qu’ils ne se sentent pas à l’aise avec l’outil, ils ont peur de faire une bourde", explique-t-il.

Et il est bien là le problème. Les joueurs n'ont semble-t-il jamais été formés pour gérer leur image numérique, à l'inverse de la langue de bois d'après-match ("l'important c'est le groupe, les trois points") qu'ils maîtrisent à la perfection depuis les cours de "media-training" qu'ils reçoivent en centre de formation. "La langue de bois est indissociable du professionnalisme, au football mais aussi dans d’autres sports en raison des enjeux sportifs et financiers. Le joueur se comporte aussi comme un salarié dans une entreprise à laquelle il ne veut évidemment pas nuire, par crainte pour son avenir et son poste", explique le directeur de l’agence Un, Deux, Trois, Quatre au site spécialisé 1''30.

Une crainte que n'a pas éprouvé Serge Aurier, sans doute par la méconnaissance de l'outil qu'il utilisait. Et à l'égard de son entraîneur, il aurait dû se méfier. Car comme le rappelle RMC, Laurent Blanc ne porte pas les réseaux sociaux dans son cœur. En 2012, celui qui était alors sélectionneur de l'équipe de France prévenait ses joueurs en ces termes : "Il y a danger à s’épandre sur Twitter, Facebook ou des blogs. (…) Ça peut partir en vrille pour une réflexion, un état d’âme, dont les médias s’empareront tout de suite". Il ne croyait pas si bien dire.

Romain Herreros

 

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Source : Le HuffPost

 

 

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