Mali. Rapt d’une Suissesse : la rançon de la témérité

La Suissesse Béatrice Stockly a été enlevé, jeudi 7 janvier, à Tombouctou, au nord du Mali. Elle avait déjà été prise en otage puis libérée en 2012. Une imprudence qui interroge l’éditorialiste du Pays.

La Suissesse Béatrice Stockly, vivant à Tombouctou au Mali, est depuis le 7 janvier, l’otage des islamistes. Son enlèvement n’a pas été revendiqué jusque-là.

Rappelons qu’en avril 2012, alors que la région de Tombouctou était aux mains des islamistes, Béatrice avait déjà été kidnappée par ces mêmes islamistes. Sa libération avait fait l’objet de paiement d’une  rançon à l’époque. La Suissesse avait été transportée par hélicoptère en son temps à Ouagadougou et avait regagné Tombouctou quand les islamistes ont été chassés de la ville en janvier 2013.  

La rançon de la témérité

Comment peut-on comprendre ce second kidnapping dans une ville comme Tombouctou, sécurisée par l’armée malienne et les forces internationales coalisées ? Ce qui pourrait choquer, c’est que Béatrice se soit encore retrouvée à Tombouctou pour évangéliser dans une zone où l’islamisme a pignon sur rue. Certes, Tombouctou n’est plus sous contrôle djihadiste, mais le simple fait d’y revenir pour prêcher l’évangile, dans le contexte général actuel du Mali, laisse pour le moins songeur. Même si elle était très active dans l’humanitaire, puisqu’elle s’occupait des enfants, elle a fini par payer par là où elle a trop péché : la témérité.

En lucide rescapée d’un premier rapt, elle devait comprendre qu’il ne valait pas la peine de risquer tant sa vie dans un environnement infesté de terroristes, surtout qu’elle prêchait une religion autre que l’islam dans une zone où les islamistes foisonnent. Surtout que bien d’humanitaires, comme elle, avaient fini par comprendre l’urgence de plier bagages. En somme, c’est la rançon de la témérité qu’elle récolte.  

Trop de risque  

Cela dit, on pourrait se demander si Béatrice n’était pas elle-même une “kamikaze” déguisée, d’un autre genre, elle qui est allée se jeter dans la gueule du loup. Elle savait bien les risques qu’elle courait. Même si Tombouctou est sous contrôle de l’armée malienne et des forces étrangères coalisées en mission de la paix, on peut s’interroger sur l’utilité de toute cette armada, si des enlèvements de ce genre peuvent s’opérer sous le nez et à la barbe de tous.

L’armée malienne doit se remettre en cause et ouvrir l’œil et le bon. Les forces étrangères en présence également. Car, cet enlèvement est une honte pour toutes ces forces de sécurité qui auraient pu l’empêcher, si elles s’y étaient prises conséquemment. Leur mission et leur mandat le leur exigent.
 

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Certes, un nouveau rapport sur les droits de l’Homme [publié par les Nations unies] accuse les forces armées maliennes d’exactions sur les populations. Mais cela ne saurait constituer un motif suffisant pour manquer à leur mission essentielle. En tout cas, cette affaire ressemble à celle du Mexicain Guzman Chapo, le parrain mondial de la drogue, l’homme aux trois arrestations et aux deux évasions, trahi par son goût immodéré du cinéma, qui vient de se faire prendre par la police mexicaine pour la quatrième fois. Il faut croiser les doigts pour que Béatrice recouvre la liberté. Elle pourrait alors revenir réécrire son œuvre en attendant peut-être… un troisième enlèvement.

Lonsani SANOGO
 
 
 
 
 

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