Pourquoi les Mauritaniens ne démissionnent jamais de leurs postes, comme il est d'usage de le faire ailleurs si un quelconque échec est imputé à la structure dont le responsable à la charge ou en cas de révélation d'un scandale qui l'éclabousserait?
Chez nous, ici, rien n'y fait, les responsables restent accrochés à leurs fauteuils jusqu'au moment où l'hiérarchie décide de les démettre de leurs fonctions.
En dépit du nombre de relativement élevé de scandales touchant nombre de responsables à tous les échelons de l'Administration et du nombre de graves bourdes meublant le parcours des uns et des autres, je ne connais qu'un seul cas de responsable mauritanien ayant rendu sa démission pour rester en harmonie avec ses principes: celui de Mohamed Lemine Ould Naty qui avait rendu sa démission, il y a bien plus d'une quinzaine d'années, en réaction à de violentes purges qui avaient frappé le mouvement politique auquel il appartient. C'est le seul cas de ce genre que j'ai eu à connaître chez nous et j'avoue qu'il fait honneur à ce responsable démissionnaire. Pour le reste, on ne fait que nous cramponner au strapontin jusqu'au moment où sonnera la fin.
Pourtant les scandales ici, ça ne manque pas, les contre-performances, non plus. Mais, RIEN.
L'évasion récente d'un salafiste jihadiste de la prison civile de Nouakchott fait partie de ces bourdes qui justifierait amplement une série de démissions. Quoi de plus éloquent sur l'incapacité des hommes de l'hiérarchie à assumer convenablement la mission qui leur est impartie? Si les Ministres de l'Intérieur ou de la Justice ou le chef de la Garde nationale ne sont pas directement chargés de surveiller les prisonniers, ils assument quand bien même dans ce cas au moins une responsabilité d'ordre moral parce que ce sont eux qui ont nommé l'équipe de Gardes et de gradés en charge de cette mission.
Dix jours après cette évasion, qui n'est pas la première du genre et risque, hélas, de ne pas être la dernière, si rien n'est fait, les choses continuent pour ces hauts responsables comme si de rien n'était. Et c'est pourquoi, à la prison civile, une évasion continuera d'en appeler une autre.
A bon entendeur, salut!
Ely Abdellah
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