Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a pris son temps pour réagir aux attentats du 13 novembre à Paris.
Il a attendu le 29 novembre pour adresser une lettre « aux jeunes d’Europe » sur « les événements amers que le terrorisme aveugle a provoqués en France ».
Dans sa missive, traduite en français et en anglais, Ali Khamenei critique avant tout l’Occident, son « hypocrisie », son soutien « inconditionnel au terrorisme gouvernemental d’Israël » et ses « interventions militaires contre le monde musulman ».
Les drames de Paris et de Saint-Denis sont considérés par Ali Khamenei comme le fruit des politiques « contradictoires » des pays occidentaux, qui essaient d’imposer leur « culture » à l’étranger. Une culture constituée principalement de « violence » et de « débauche morale ». « Avec beaucoup de regrets, je dois dire que ces groupes lâches comme Daech [l’acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, EI] sont les enfants des cultures importées de l’extérieur (…) », écrit-il.
Pour le numéro un iranien, bien que le terrorisme soit « un mal commun », les peines endurées par « les peuples d’Irak, du Yémen, de Syrie et d’Afghanistan » sont plus « intenses » que celles infligées aux Français. Premiers responsables de la souffrance des peuples musulmans, selon lui, les Etats-Unis, ennemi juré de la République islamique depuis 1979. Ali Khamenei accuse également Washington d’avoir contribué à la « formation » et au « renforcement d’Al-Qaida, des talibans et de leurs successeurs ». Il pointe également du doigt les « alliés » de l’Occident qui soutiennent « le terrorisme takfiri ». Une allusion à l’Arabie saoudite, grand rival sunnite de l’Iran, qui, selon la rhétorique officielle à Téhéran, finance l’EI.
Dans un autre passage de sa lettre, Ali Khamenei se livre à une analyse sociologique des sociétés occidentales dont certaines couches sociales sont affectées par une « rancune profonde », causée par les « inégalités » et « éventuellement des discriminations légales et structurelles ». Car, pour Ali Khamenei, il est inimaginable que des êtres, nés et élevés en Europe, puissent devenir « des extrémistes qui ouvrent le feu sur leurs concitoyens sous l’influence d’un ou deux voyages dans les zones de combats ».
Pour conclure, il invite les jeunes Européens à « changer » la mentalité occidentale, « teintée d’hypocrisie » dont « l’art consiste à dissimuler des objectifs lointains et à embellir des buts sournois ». Contrairement à de nombreux autres religieux en Iran, Ali Khamenei n’essaie pas de défendre « le vrai islam » que l’EI défigure par sa violence. Pour lui, seul l’Occident est coupable. Le président modéré iranien, Hassan Rohani, avait condamné les attaques de Paris au nom de la nation iranienne, dès le 14 novembre.
Source : Le Monde
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