Les images diffusées par les chaînes d’information en continu couvrant des actualités graves comme des attentats peuvent avoir un impact grave sur le téléspectateur.
Difficile de détourner le regard de son écran de télévision. Depuis les attentats qui ont frappé la France vendredi 13 novembre, les télévisions sont allumées sur les chaînes d’information en continu pour suivre le déroulement de l’enquête et la poursuite des terroristes présumés sur les territoires belges et français. À tel point que l’on voit eles mêmes images en boucle encore et encore.
Un réflexe qui n’est pas sans risque, comme l’explique le site de Courrier international, qui relaie plusieurs articles de la presse américaine. Le «stress dû aux informations sur des catastrophes peut avoir un impact négatif très important sur la santé mentale et émotionnelle, et les effets peuvent durer plus longtemps que les gens ne l’imaginent», explique ainsi la journaliste spécialisée de Forbes Tara Haelle. Car, au-delà des victimes, des témoins et des personnes intervenues lors de la catastrophe, les images diffusées par ces chaînes, parfois violentes, peuvent aussi avoir un impact grave sur le téléspectateur, qui ne peut s’empêcher de penser «ça aurait pu être moi».
Stress aigu
Lors de la double prise d’otages en janvier dernier, Metronews avait interrogé Hélène Romano, psychologue référente de la cellule d’urgence médico-psychologique du Val-de-Marne, sur l’impact de l’image en direct. «Tant qu’il y a une explication et une réflexion, expliquait-elle, c’est rassurant. Mais l’image en direct à l’état brut, c’est à risques. Le journaliste découvre l’image en même temps que les téléspectateurs, n’en sait pas plus qu’eux. C’est une source traumatique.»
Courrier international cite à ce propos une étude de 2013 parue dans la revue PNAS qui montrait que regarder au moins six heures par jour les informations sur l’attentat du marathon de Boston «était corrélé à un stress plus aigu encore que celui engendré par le fait d’avoir participé à l’événement ou d’avoir été à proximité». Forbes rappelle aussi une étude du début des années 2000 qui avait trouvé que «les heures de couverture télévisée du 11-Septembre présageait d’un plus grand stress et de symptômes de stress post-traumatique, même chez ceux qui vivaient loin de New York ou qui n’avaient que peu de liens avec les gens là-bas.» Nul doute que les attentats de Paris risquent de provoquer le même genre de réaction chez certains.
Sur Metronews, Hélène Romano proposait que les chaînes de télévision mettent en place «un différé d’un quart d’heure pour les événements dramatiques». Un moyen de prendre du recul et d’expliquer les images qui défilent devant nos yeux. Autre solution, plus drastique: n’hésitez pas à éteindre la télé ou à changer de chaîne pour sortir quelques instants de ce climat qui peut être un peu trop oppressant.
Repéré par Vincent Manilève
Source : Slate
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