En Mauritanie, une prière aux morts est donnée, ce dimanche 25 octobre, à la mosquée Ibn Abbas de Nouakchott en hommage à Djibril Hamet Ly, dramaturge et poète mauritanien, décédé brusquement, il y a une semaine, au Canada,
alors qu'il participait au congrès de Pen International, une ONG de défense des écrivains et de la liberté d'expression. C'est un intellectuel aux multiples facettes qui s'est éteint, à 69 ans.
Il a été le premier président des Forces de libération africaines de Mauritanie (Flam), un mouvement né en 1983 qui disait vouloir libérer les communautés noires de Mauritanie d'un système jugé raciste. Trois ans plus tard, la publication du « Manifeste du Négro-mauritanien opprimé » lui vaut d'être emprisonné à Oualata. Plusieurs de ses camarades dont l'écrivain Tene Youssouf Geye n'y survivront pas. Djibril Ly, lui, se réfugie dans l'écriture, comme il l’a confié à la poétesse Mariem Mint Derwich.
« Il me disait que c’est grâce à l’écriture qu’il n’est pas devenu fou parce qu’il faut regarder les heures passer ; les jours passer et il n’a pas perdu espoir malgré la souffrance, malgré l’absurdité de ce temps de bagne. Il a commencé à écrire et depuis, il n’a jamais pu arrêter. Il écrivait comme on respire. C’est un de nos plus grands intellectuels, un de nos plus grands artistes et un de nos plus grands humanistes qui est parti », confie, à RFI, Mariem Mint Derwich.
Djibril Ly se consacre à la poésie, mais aussi au théâtre. Il crée une école, Diamly, qui donne une large place aux langues nationales et aux arts.
« C’était quelqu’un qui se battait pour l’apprentissage des langues nationales, pour un apprentissage croisé et qui refusait cette Mauritanie unilingue, "unicolore" comme on dit. Il s’est battu pour que tous les Mauritaniens, "toutes les Mauritanies" comme il disait, puissent se parler. Il s’est battu pour que les gens apprennent ; pour que les gens se reconnaissent comme fils et filles de ce pays-là. Il disait :"Nous habitons ensemble. Il faut bien que nous apprenions à vivre ensemble mieux, dans le respect des droits de chacun et dans le respect des spécificités aussi de chacun" », ajoute Mariem Mint Derwich.
Militant infatigable, sa dernière pièce, L'arbre à la cour criminelle, était un émouvant plaidoyer pour la défense de l'environnement.
Source : RFI
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