Photographie : Ces femmes, poutres silencieuses et résistantes

Photographies au gré de pérégrinations à l'intérieur du pays, loin des clichés et de la grisaille de la capitale, en pleine période de soudure, à la rencontre de douleurs et de sourires féminins quotidiens mauritaniens. Pourquoi féminins ?

Parce que de tous les lieux parcourus, il s'avère que la plupart des ménages, dans l'éducation des enfants, leur santé, l'alimentaire, ne tiennent que grâce à ces poutres silencieuces et résilientes. Hommage.

« Ceux qui parlent de crise à l'intérieur, ceux qui disent que les choses vont mal pour la majorité des mauritaniens, sont des gens à Nouakchott, dans leurs climatiseurs, ne connaissant rien de la réalité des choses » disait en substance Mohamed Ould Abdel Aziz il y a quelques mois lors de son tour pré-référendaire à l'intérieur. La réalité étant têtue, et l'entêtement politique ténu, n'en déplaise à Sieur Aziz, les choses vont très mal, et c'est un euphémisme.

Des enfants meurent de faim, dans le « triangle de la mort », entre Saba, Chreïrikat et Zraviyat, au Hodh El Charghi, des centaines de milliers de mauritaniens ne résistent à l'extrême misère que grâce à la solidarité de voisins charitables, ou des ONG nationales et internationales (qui, avec toutes les critiques qu'on pourra leur faire, soulagent un minimum ces communautés, et mettent en lumière le nihilisme et la cupidité gouvernant au sommet de l'Etat).

De cette seule misère morale de nos gouvernant découle la souffrance de ces individus. Mais dans cette inhumanité de nos politiques, nos braves femmes, dans cette résilience hors du commun dont le Bon Dieu les a pourvu, tiennent les foyers et les enfants, parfois même la survie de villages entiers.

Nouma Mint Abdallahi. Crédit : Mozaikrim/MLK

Nouma Mint Abdallahi. Crédit : Mozaikrim/MLK

A Bassikounou, Nouma Mint Abdallahi est l'une de ces milliers de mauritaniennes ignorées qui résistent. Elle est maman de 4 enfants; elle a également à sa charge un frère et leur mère. Au plus fort de la soudure en août, elle a reçu d'une ONG internationale, 22.000 ouguiyas et 10 paquets de farine enrichie « Njumaan ». « Tout l'argent a servi à s'approvisionner pour un mois. C'est déjà bien appréciable, particulièrement cette année spécialement difficile pour nous ».

« Leur père nous a abandonné il y a bientôt un an ; nous ne savons pas où il est » répond-elle laconique quand on se renseigne sur le géniteur de ses enfants. Elle est donc la chef de famille, et la seule ressource du foyer. « J'ai une petite table au marché où je vends des épices, et des bonbons ; j'arrive à avoir entre 1000 et 2000 ouguiyas, les jours où ça marche ; mais parfois ça ne marche pas, et parfois je suis malade » raconte la femme trentenaire.

 

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Mamoudou Lamine Kane

 

Source :  Mozaïkrim (Le 17 octobre 2015)

 

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