Les putschistes du régiment de sécurité présidentiel (RSP) ont annoncé, vendredi 18 septembre, la libération du président intérimaire, Michel Kafando, qu’ils retenaient depuis mercredi.
Le premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, est, lui, toujours aux mains des militaires.
Ces derniers quadrillent la capitale, Ouagadougou, où le couvre-feu instauré entre 19 heures et 6 heures a été globalement respecté. De nombreux magasins restaient toutefois fermés et, d’après des journalistes sur place, des rassemblements avaient été dispersés dans le centre-ville.
Les putschistes ont également annoncé vendredi à midi la réouverture des frontières terrestres et aériennes du pays. Les militaires avaient décidé jeudi de les fermer jusqu’à nouvel ordre.
Jeudi, les soldats de l’unité d’élite à l’origine du coup d’Etat avaient violemment réprimé les manifestations des associations. Les heurts ont fait au moins trois morts, selon une source du principal hôpital de Ouagadougou. Le studio d’enregistrement du rappeur Smockey, un des fers de lance du collectif Balai citoyen, a été en partie incendié par des hommes qui ont tiré sur la porte au lance-roquettes, d’après sa femme.
D’autres rassemblements organisés malgré le couvre-feu dans plusieurs villes de province, notamment Bobo-Dioulasso, dans le Sud-Ouest, se sont déroulés sans incidents, les forces de l’ordre n’ayant pas cherché à intervenir. L’armée, la police et la gendarmerie sont d’ailleurs restées très discrètes depuis le putsch.
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« Nous n’avons pas l’intention de nous éterniser »
Nommé jeudi à la tête du Conseil national pour la démocratie (CND), l’émanation politique des putschistes, le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit du président déchu, Blaise Compaoré, s’est engagé à organiser « rapidement » des élections.
« Dans tous les cas, nous n’avons pas l’intention de nous éterniser, nous n’avons pas l’intention de rester. »
Un scrutin présidentiel et des élections législatives étaient prévus en octobre pour tourner la page d’un an de transition. Les fidèles de Blaise Compaoré, qui dirigea le Burkina pendant vingt-sept ans, avaient été exclus par la Commission électorale, en vertu d’un nouveau code électoral controversé. « Il faut revoir les conditions, de façon à permettre à tous ceux qui souhaitent participer de pouvoir le faire », a insisté le général Diendéré.
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Le nouvel homme fort du pays, qui s’est entretenu jeudi avec le représentant spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, doit recevoir dans la journée le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), et son homologue béninois, Thomas Boni Yayi. Les deux hommes espèrent lancer une médiation. « L’objectif est de parvenir à un retour à une vie constitutionnelle normale, à la libération du président et du premier ministre qui sont otages, et à la libération de tous les ministres », selon le chef de la diplomatie béninoise.
La communauté internationale a vivement condamné le coup d’Etat, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU se disant même « prêts à envisager des mesures supplémentaires si nécessaire ». Selon des diplomates, la France, soutenue notamment par le Tchad, a plaidé en faveur de sanctions si le pouvoir légal n’était pas rétabli.
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Source : AFP et Le Monde Afrique
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