Kassataya – (Paris) – A la fois auteur, compositeur, interprète, producteur et polyinstrumentiste, Daby Touré est un artiste talentueux et complet à (re) découvrir absolument.
« Le fabuleux », c'est ainsi que l'a surnommé Peter Gabriel dont il a notamment assuré les premières parties. Certes le coup de pouce de la star britannique a été précieux pour sa carrière internationale mais le franco-mauritanien Daby Touré était déjà un artiste aguerri.
Daby Touré, 44 ans, est né à Boutilimit d’un père soninké et d’une maman mauresque. Ses parents divorcent alors qu’il est encore un enfant et on l’envoie en Casamance, au sud du Sénégal. Dans cette localité connue pour sa diversité et sa richesse culturelle, il retrouve ses oncles, artistes reconnus du fameux groupe Touré Kunda. Puis il revient à Nouakchott auprès de son père, Hamidou Touré, qui fera également partie de l’orchestre mythique sénégalais. A côté de son travail, celui-ci s’adonne à la musique avec son groupe Xumaru. « Je les voyais répéter », se rappelle l’artiste qui les imitera et apprendra tout seul à jouer de la guitare. Puis il part à Djéol pour vivre avec son oncle. Un séjour également enrichissant sur le plan musical. « Lors des séances de lutte, se rappelle-t-il, on jouait des percussions et j’étais le soliste ».
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Très jeune, Daby est une sorte d’éponge qui absorbe tout ce qu’il entend. Il le rumine patiemment avant de le rendre plus tard sous forme de nouvelles sonorités sans frontières. Et le fait de grandir entre la Mauritanie et le Sénégal, dans une société multiculturelle et multilingue lui permet de s’enrichir de la musicalité et des rythmes de chacune de ses composantes. Et toutes ces influences constituent une base solide, riche et sur laquelle il bâtira et forgera plus tard son propre style musical.
En 1989, dans le sillage des tragiques évènements entre la Mauritanie et le Sénégal, Daby s’envole pour la France où il rejoint son père. Il poursuivra sa scolarité jusqu’en seconde. « Je voulais vraiment arrêter car je continuais mes études uniquement pour faire plaisir à mon père », reconnait-il. Déjà il faisait des concerts au collège et s’occupait beaucoup plus de la musique que des cours.
Avec un cousin, il forme au début des années 90 le groupe Touré-Touré qui aura à son actif l’album « Laddé ». Mais il veut gagner son indépendance pour faire, enfin, la musique qu’il voulait. C’est ainsi qu’il sort, en 2004, l’album « Diam » chez Real World, le label de Peter Gabriel d’où sortiront deux autres produits, « Stereo Spirit » et « Call My Name ». Ce dernier a été réalisé en duo avec le bluesman américain Skip McDonald. Ce genre de collaboration fait partie de la vie d’un artiste et Daby Touré aime multiplier les expériences et mélanger les genres musicaux. C’est ainsi qu’il avait sorti l’album « Lang(u)age » dont la majorité des titres est en français et collaboré avec, entre autres, Francis Cabrel et Maxime Le Forestier.
Artiste polyglotte et multi-instrumentiste
Daby Touré chante en six langues (soninké, wolof, peul, hassaniya, français, anglais). Et si sur scène il est accompagné d'autres musiciens, il a la particularité de faire ses albums tout seul. En effet il est auteur, compositeur, interprète, polyinstrumentiste virtuose qui joue à la fois de la guitare électrique, de la basse, de la batterie, du djembé, etc. Et, explique-t-il, « le fait d'être producteur et compositeur de mes albums me donne la liberté de faire ce dont j'ai envie ». Et c'est pourquoi, après Real World et Universal Music, il a signé récemment chez le label américain Cumbancha qui coproduira avec lui son prochain album.
Un style musical inclassable
Ecouter Daby Touré c’est voyager à travers les sons, les rythmes et les cultures. Le style de Daby Touré est inclassable, « on essaie de me mettre dans une case mais on n’y arrive pas encore », constate le chanteur. En fait, il est un cordon-bleu musical qui mélange notamment la pop occidentale aux sonorités africaines. Et il réussit à concocter des morceaux exquis qu’on écoute avec délice. Quant aux thèmes qu’il aborde dans sa musique, ils sont conformes à ce qu’il fait et observe autour de lui. « Je fais ce que je vis », précise-t-il.
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Nul n’est prophète en son pays et Daby Touré est plus connu en France, en Angleterre, aux Etats-Unis qu’en Mauritanie. Et pourtant il n’a pas oublié sa terre natale et avait, d’ailleurs, essayé en vain de nouer sur place un partenariat afin de créer une maison de disques. « J’ai eu, révèle-t-il, des contacts avec certaines personnes qui n’ont pas été à la hauteur… » Il n’empêche que le chanteur compte à l’avenir être « plus offensif » au Sénégal et en Mauritanie où il va retourner pour se ressourcer et en même temps promouvoir son prochain album qui sort le 18 septembre. Celui-ci s’appelle « Amonafi », ce qui, en wolof, signifie « il était une fois ». Une façon pour lui d’évoquer l’histoire de l’Afrique et finalement, à travers cette dernière, c’est la sienne qu’il raconte au public.
Ibrahima Athie
Kassataya
Liens sur Daby Touré
www.dabytoure.com
www.cumbancha.com/dabytoure
www.facebook.com/dabytouremusic
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