L'histoire parait incroyable et pourrait être classée comme un cas exemplaire de l'art algérien de créer des problèmes à partir de rien.
Selon le journal El Khabar, au nom de la lutte contre le salafisme, la direction des affaires religieuses à Tizi-Ouzou a instruit, "oralement",les imams de ne faire qu'un seul "salam aleykoum" au lieu de deux à la fin de la prière.
Faire deux "salam aleykoum" à la fin de la prière en tournant la tête à droite puis à gauche est une pratique très répandue et beaucoup seront surpris d'apprendre que ce deuxième "salam" ne fait pas partie du "référent malékite" que le ministre des affaires religieuses, Mohamed Aissa, veut renforcer pour faire face au salafisme.
Le problème est qu'il s'occupe de "détails" qui paraissent bien surprenants comme cette histoire de deux "salam aleykoum", très ancrée dans la pratique, que la direction des affaires religieuses de Tizi Ouzou cherche à bannir.
Et selon le journal, l'instruction "orale" et non écrite fait l'objet d'un suivi tatillon de la part des inspecteurs des affaires religieuses au point de faire passer en conseil de discipline l'imam d'une mosquée de Maatkas sous l'accusation de refus d'appliquer l'instruction.
"La fitna dors…"
Selon El Khabar, c'est une instruction orale qui a été donnée avant le début du mois de ramadan aux imams de ne plus faire à la fin de la prière deux salam aleykoum mais un seul en tournant la tête vers la droite. Les imams auraient été vertement menacés de sanctions s'ils commettaient un salam aleykoum de "trop".
Sanction appliquée contre un imam, rapporte El Khabar, ce qui a poussé les "habitants de village où il officie à protester et à essayer de fermer le siège des affaires religieuses et du wakf". Le journal souligne que la contestation de l'instruction est souvent le fait des fidèles "habitués depuis des dizaines d'années à saluer deux fois à l'issue de la prière".
Des imams se sont retrouvés ainsi coincés entre la pression de la direction des affaires religieuses et celle des fidèles qui n'acceptent pas "une invention créée du jour au lendemain".
L'affaire indique le journal provoque des remous et un tract, anonyme, met en garde contre une "fitna et une révolte populaire contre cette instruction" et dénonce les "menaces et les pressions" exercées par la direction des affaires religieuses. "La fitna dors que Dieu damne celui qui l'éveille" auraient écrit les auteurs de ce texte anonyme.
Selon El Khabar, les "services de sécurité suivent avec beaucoup d'attention cette affaire et surveillent ce qui se passent dans les mosquées au sujet de cette instruction" et des imams auraient été entendus à cet effet. Ni la direction des affaires religieuses, ni le ministère n'ont répondu aux questions d'El Khabar.
Une étrange manière de combattre le salafisme
Certains observateurs insèrent cette affaire "dans le cadre de la lutte contre la pensée salafiste dans les mosquées à laquelle Mohamed Aissa accorde une grande importance depuis sa désignation en tant que ministre depuis un an".
C'est une "étrange manière" de combattre le salafisme, note un universitaire "pratiquant" depuis des décennies et qui a toujours fait "deux salam aleykoum à la fin de la prière comme le faisait mon père" sans se sentir le moins du monde "salafiste."
"Les gens des affaires religieuses ont du temps à perdre et créent des problèmes à partir de futilités et délaissent l'essentiel. Comme le nombre excessivement élevé de prêches consacré à culpabiliser les femmes ou encore l'inculture des imams en matière scientifique. Un salam aleykoum ou deux n'est pas une affaire… C'est insensé".
Hebba Selim
Source : Al Huffington Post Maghreb Algérie
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