On dit que Taya et Ould Aziz ont englouti des milliards d’ouguiya dans la mise en valeur des terres de la vallée oubliant que les milliards investis sont invisibles, ni en termes d’infrastructures agricoles encore moins en termes d’organisation des paysans.
Aujourd’hui c’est Ould Aziz, president de la republique qui fait la promotion des expropriations injustifiées dans la vallée au profit d'arabes nationaux et étrangers et au détriment des propriétaires noirs. C'est en même temps Ould Abdel Aziz qui, avec grandiloquence, a organise le sommet sur la muraille verte.
1. La politique agricole de la RIM dans la Vallée
L’agriculture irriguée dans la vallée du Fleuve Sénégal (rive droite), fief naturel des noirs mauritaniens, représente, sans nul doute, une vitrine par laquelle il est facile de saisir le sabotage administré au secteur rural et partant, une vitrine éloquente, permettant de mesurer les hypothèques qui pèsent sur le projet muraille verte.Les milliards investis dans les amenagements hydro-agricoles ont participé d’une part, à inaugurer et à consolider les mécanismes de la désorganisation du monde rural, et d’autre part, à remettre en surface ce que l’autre à appeler, la corruption-échange social, une vieille tactique fortement utilisée par le parti au pouvoir.
Nul n’ignore que l’agriculture mauritanienne est jusqu’aujourd’hui incapable d’assurer sa fonction primaire à savoir celle d'assurer une alimentation suffisante et décente de ses usagers. Cette situation est causee primordialement par le fait que les structures agricoles ont été toutes récupérées par les éléments du parti. Toutes plombées par le poids des dettes, elles ont ete progressivement doomestiquees a des fins politicienns. Or, ces structures paysannes ont ete conçues logiquement pour libérer d'une part part, le savoir-faire des paysans, et d’autre part, pour donner plus de responsabilité aux paysans afin de pouvoir se prendre amplement en charge. Hélas, ces structures sont devenues moribondes et ont ete subtilisees aux paysans pour servir les politiciens du terroir.
En effet, très tôt infiltrées par les cadres du régime despotique, les coopératives ont fait figure de démembrements du PRDS dès le début et aujourd’hui, son héritière, l’UPR s’en est emparée. Les cooperatives sont devenues des stuctures politico-féodaux-affairistes détournées pour prendre les paysans en otage. Les intellectuels véreux, fils du terroir, en ont largement abusés par la construction de réseaux maffieux sur la base de critères d’allégeance au régime en place. L’espace d’expression intellectuelle et d'amelioration des capacites que pouvait créer ces coopératives est devenu un espace d’animation politique et de musèlement progressif pour le pouvoir en place, une espèce de succursales déclarées de l’UPR dans lesquelles la terreur et la dictature se livrent une compétition sans précèdent. Subséquemment les droits et les intérêts des paysans ont été malmenés…….
Cette dérive des institutions rurales a ôté progressivement à nos terroirs et nos paysans leurs capacités à se prendre en charge. Ainsi nos braves paysans se sont retrouvés tiraillés entre l’abandon des terres ou leur conservation inconditionnelle avec comme defi permanent une deterioration de la fertilité.
Kaawtal, IRA ainsi que les Hommes justes de notre pays, ayant compris la politique pernicieuse qu’incarne le régime, organiseront une caravane partie de Boghe pour sensibiliser nos paysans et pasteurs. L'objectif etant de conscientiser les proprietaires a ne jamais ceder aux pressions et de de rester accrocher à leurs terres et a l’ensemble de leurs ressources. En effet, toutes les politiques agricoles de Taya à Ould Aziz n’ont été conçues et appliquées que dans le vil dessein de dessaisir les paysans de leurs terres (source première de leur survie).
Sous le faux pretexte de vouloir mettre en valeur, les terres du Walo et diery sont progressivement recuperees. Dans la région du Trarza, les prédateurs (les agro businessmen) ont déjà colonisés les terres du Walo. A Boghe des terres sont officiellement louées a Taabough Izari, une société d'un richissime saoudien; A Darel Barka, Thiambene, Aere Mbar, Kaédi, Maghama, même son de cloche.
Toutes ces politiques sont appuyées par les services techniques du Ministère du Développement Rural et de l’Environnement. Justement la cadavérique SONADER, en est un bon exemple. Créée en 1975, cette organisme s’était fixé comme mission d’exécuter les politiques de développement du monde rural, d’assurer la maintenance des aménagements et de gérer les périmètres irrigués et/ou de décrue. En théorie, la mission de la SONADER était très attrayante. Seulement la corruption (qui est la règle dans notre pays) poussa les politiciens et les cadres à mettre la main à la pâte. Ainsi les directeurs et cadres corrompus qui se sont succédés ont réussi, tutti quanti, à piller tous les moyens disponibles.E pendant plus de deux décennies, la vallée aura constaté que les véhicules de la SONADER n’ont servi qu’à des activités qui n’ont rien à avoir avec l’agriculture : (1) l’approvisionnement en denrées alimentaires (volées à la CSA, une autre société d’état) des bergers et des dromadaires appartenant aux cadres et aux autres voleurs de l’état; (2) l’acheminement des familles de préfets, de gouverneurs, de députés ou de simples citoyens pour des besoins privées (vacances privées).
Toutes les activités de la SONADER, conçue pour soutenir techniquement le monde rural, ont été réajustées et réorientées pour servir les familles faisant allégeance au pouvoir en place. C’est pourquoi l’agriculture irriguée, financée à coups de milliards empruntés, a ete sabotée par un détournement d’objectifs qui coute et qui va couter cher au monde rural et a l'ensemble du pays. En lieu et place de bénéficier d’un retour sur investissement (effort physique, financier fournis), le monde rural s’est retrouvé dans un cercle vicieux empêtré equ'il est entre des campagnes agricoles désastreuses et des campagnes politiques calamiteuses.
La politique agricole a généré une agriculture qui ne contribue que dans une fourchette de 3 à 6 % dans le PIB alors que la moyenne des pays semblables est de l’ordre de 12% (Source : office National des Statistiques du régime despotique). C’est enfin à cause de cette politique que la pauvreté sévit dans le monde rural ; La vallée est privée totalement du minimum. Pas d’accès aux soins de santé. Pas d’accès à une éducation de qualité. Le tout greffé au déficit agricole donne la preuve que dans le monde rural il n’y a que des hypothèques sérieuses qui pèsent lourdement sur son existence. Selon toujours le «ministère des Affaires Economiques et du Développement» 57% des pauvres sont des ruraux et la pauvreté monétaire, selon la même source, est de l’ordre de 74% dans le monde rural. Ces chiffres sont ceux du gouvernement et ils mettent en évidence les échecs des politiques agricoles administrées au monde rural. Cet échec reste vrai dans les autres aires agricoles de l’Est et du Nord aussi bien sur le plan strictement écologique que sur le plan organisationnel.
Or la clef pour une agriculture respectable rentable réside dans une politique rigoureuse et juste de transfert des capacités de gestion aux usagers aliee a une gestion intelligente de la ressource dans son ensemble..La SONADER a été incapable de conduire cette philosophie encore moins le pouvoir central.
La chose la plus grave est que la politique agricole a conduit, faute d’encadrements techniques et de suivi, a des défis environnementaux inquiétants qui pourraient compromettre les capacités pédologiques, organisationnelles, faunistiques, floristiques et écologiques strictes de la vallée. Il s’agit, entre autres, de la salinisation des sols bloquant la capacité d’absorption des sols de la vallée. La régression de nos forêts et de notre réseau hydrographique, jadis magnifiés par Guelaye Ali Fall vient hypothéquer le projet de la muraille verte dont l'ultime objectif est de fixer les sols.
2. Le projet de la Muraille Verte
S’il est vrai que le projet panafricain de la muraille a pour but majeur de stopper le désert au Sahel, il demeure évident que c’est dans une dynamique intégrative privilégiant une mosaïque de projets locaux que ce panafricanisme environnemental réussirait.
Etant un projet panafricain et régional, ce projet s'accommoderait mal en ne mettant l'accent que sur les aspects physiques et strictement naturels; Placer la nature au-devant sans y intégrer les aspects humains serait non seulement une bêtise mais une injustice infligée aux peuples du Sahel et aux peuples des futures générations parce que les aspects humains, culturels sont fortement liés à la gestion des terres.
C’est dans une dynamique intégrative humaine et naturelle que la muraille réussira parce que l’arbre, à lui seul, ne fera pas la muraille au moment où les populations paisibles, sont aux prises des pires traitements impactant négativement sur leur épanouissement économique, social, culturel et intellectuel (faim, expropriation des terres, racisme, esclavage, corruption, dictature).
En empiétant sur leurs dignités, leurs espaces et leurs droits, les gouvernements trouveront le meilleur moyen de saborder le projet de la Muraille. Réceptacle certain de la «faculté» d’absorber le gaz carbonique reconnu pour être un gaz à effet de serre (c’est à dire contribuant au réchauffement planétaire), élément incontournable dans la fixation des sols, pièce maitresse dans le rendement agricole mais aussi élément culturel et humain existentiel, l’arbre a besoin d’une gérance pour assurer sa fonction essentielle qui échoit à l'Homme donc à la femme sahélienne de Thiambene, de Darel Barka, de Boghe, de Ciwe et de Nema.
Cet Homme sahélien est le propriétaire des terres, il est l'occupant des espaces urbains et désertiques, il est le citoyen qui a besoin de l'éducation environnementale pour justement aider à la gestion de la future muraille. C'est cet homme-là ne peut en aucun cas être privée de ses terres et par conséquent il mérite respect et considération et c'est cet homme qui a besoin d'un accès à la justice, a la sante, a la démocratie et à la gestion de ses terres ancestrales.
Les gouvernements ont tout intérêt à tenir compte des spécificités des citoyens pour que le projet de la Muraille verte réussisse pour le bien des générations présentes et futures. L'incarcération des initiateurs de la caravane foncière est là pour illustrer le mépris que le régime arabe mauritanien nourrit contre la vallée, contradiction flagrante entre les prêches et les faits.
A. NGAIDE. DESS ENVIRONNEMENT &MBA
(Reçu à Kassataya le 3 août 2015)
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