Le mystère du village kazakh endormi enfin résolu

Depuis plusieurs années, les habitants de ce petit village s'endorment soudainement, et peuvent rester inconscients plusieurs jours. Les experts viennent enfin de mettre le doigt sur l'origine de cet étrange phénomène.

C'est une histoire qui commence presque comme un conte russe, celui d'un village au bois dormant, perdu au cœur des steppes kazakhes. Ces dernières années un mal étrange frappe les quelque 800 habitants de Kalachi dans la région d'Akmola, au nord du Kazakhstan. Depuis 2012, au moins 160 villageois ont été affectés par une mystérieuse épidémie d'endormissement. Les victimes tombent inconscientes, généralement de manière brutale, et se réveillent quelques heures, voire quelques jours plus tard avec ce qui ressemble à une véritable gueule de bois: trous de mémoire, vertiges, maux de tête et même des hallucinations.

Chez certains hommes, le réveil peut s'accompagner d'une montée violente du désir sexuel. «Les docteurs ont ri et les infirmières rougi en les voyant dans cet état», raconte une femme du village au Siberian Times. Les chercheurs ont exploré de nombreuses pistes, en vain. Vodka frelatée? Impossible, les enfants et les animaux sont également touchés. Contamination des nappes phréatiques? Les examens n'ont rien donné expliquait un médecin en 2014, toujours au Siberian Times.

Les soupçons ont fini par se tourner vers les mines désaffectées d'uranium de Krasnogorsk, une ville voisine, vestige de l'ère soviétique et entièrement désertée après la chute de l'URSS. Les radiations de radon, un gaz radioactif notamment connu pour provoquer des cancers du poumon, semblaient une piste crédible. Leonid Rikhvanov, un professeur de l'université de Tomsk, expliquait en janvier sur la chaîne 1tv que les infiltrations d'eau dans les galeries abandonnées avaient pu chasser le gaz jusqu'à la surface. Le ministère de la Santé a effectué plus de 7000 prélèvements, mais les taux relevés n'étaient jamais assez hauts pour pouvoir être reliés au phénomène, raconte le Guardian.

Le monoxyde de carbone, principal responsable

Début juillet, le mystère a finalement pu être levé par des experts. Et la solution se trouvait bien dans les mines. Le responsable: le monoxyde de carbone. «Après de nombreux tests médicaux, nos chercheurs et leurs collègues de Prague et Moscou ont confirmé la responsabilité du monoxyde de carbone dans l'épidémie d'endormissement qui frappe le village de Kalachi», a annoncé lors d'un point presse à Astana le vice premier ministre Berdibek Saparbayev. L'élévation de la concentration de monoxyde de carbone, jusqu'à dix fois au-dessus de la moyenne, combinée à d'autres émanations d'hydrocarbure, s'accompagnerait d'une baisse des niveaux d'oxygène expliquant les brusques pertes de conscience et leurs effets secondaires.

Les autorités ont immédiatement commencé l'évacuation du village. Selon le Siberian Times, 68 des 223 familles ont déjà été relogées, et les habitants restant devraient être pris en charge d'ici l'année prochaine. Depuis plusieurs mois les habitants étaient de plus en plus nombreux à envisager un départ. «Nous commencions à penser que quelqu'un cherchait à nous empoisonner pour nous faire partir. Certains disent que de l'or a été trouvé derrière la colline voisine et que la route est déjà construite», raconte au quotidien sibérien Lyubov Rabchevskaya, un habitant de 28 ans dont la famille a aussi été touchée par le phénomène.

Romain David

 

Source : Le Figaro

 

 

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