Quelques amis m’avaient alerté à propos de cette interview audacieuse du célèbre professeur par un non moins célèbre journaliste, l’impayable Oumeir qu’on a vu mettant à profit sa tribune pour s’égosiller à la celle de monsieur 48% alors en campagne.
Une célébrité en partage qui chez l’un correspond à une notoriété dans son domaine de compétence quand chez le second il est autrement notoire qu’il ne s’agit que de l’émir de la Tribune.
Sachant que le premier ne poserait aucune question piquante et que le second n’est pas connu pour ses sorties médiatiques d’intérêt public, je n’ai pas pris le temps de regarder la chose faute de temps à consacrer à une promesse d’ennui. Grossière erreur ! Interview à voir pour ceux qui ne l’ont pas vue. C’est assez court, 41 minutes qui passent vite grâce aux divers thèmes effleurés d’une langue maraboutique occidentalisée suite à des questions journaleuses certifiées A.O.C c’est-à-dire qu’il s’agit juste de faire parler l’invité sans le déranger pour animer le débat, seulement pour le laisser s’exprimer et glisser quelques piques ici et là.
C’est très intéressant surtout pour nous qui sommes de la génération enfumée. C’est très intéressant aussi de voir ce que cela peut donner si des intellectuels du gabarit du professeur Cheikh plongeaient dans la mêlée pour ne pas laisser la place aux imposteurs et autres dangereux trafiquants d’histoire relatée comme frelatée.
Sortie courageuse du professeur car il faut oser dire ce qu’il a dit en ces temps d’inquisition qui s’installe en Mauritanie pendant que les sachants de bonne foi se taisent par peur des représailles, ce qui est parfaitement sinon humain du moins, scientifiquement parlant, parfaitement anthropologique ou anthropolo-gisant.
Dommage que cela soit en français car les arabisants ont plus besoin des lumières d’un tel professeur vu que le monde arabisant et hassanaphone souffre le plus d’être replié sur lui-même et tourné surtout vers le monde arabe dans l’état que l’on sait à tous les niveaux politiques, économiques, culturels et même religieux.
D’abord, le professeur explique que ce qu’il a à dire, en digne anthropologue, ne s’adresse pas au plus grand nombre, aux « multitudes » surtout chez nous où il est plus difficile qu’ailleurs d’être sûr que les mots qu’il emploie arriveront aux oreilles qu’il souhaite étant entendu que sa science et celle de ses collègues utilise les mots de tous les jours contrairement aux mathématiciens, de là que le risque de malentendu est partout présent. Il a raison. C’est d’ailleurs là l’un des plus pénibles complexes des chercheurs en science sociale que cette éternelle quête de scientificité, le complexe d’être une « science » de l’observation, découpe et remballe, qui n’a de scientifique que le gazrage du terme avec comme circonstance atténuante que l’intention vaut le fait car à l’impossible nul n’est tenu en attendant de pouvoir rendre carré un regard circulaire porté sur des choses « dont le centre est partout et la circonférence nulle part ». Il s’agit, ironie du sort, d’une façon académique d’administrer l’invisible pour reprendre une formule du professeur à propos zouayas…
Merci donc au professeur de parler pour la première fois aux « multitudes » même si s’exprimer en français à la télévision mauritanienne limite les « multitudes » et donc les premiers concernés par cette ordonnance intellectuelle à savoir les hassanophones surtout quand le tout est administré avec un humour subliminal qui l’eût été moins si quelques charmants rictus de son administrateur, comme une goutte débordant du vase, ne venaient signifier une sorte de regret de n’avoir pas dans l’assistance un autre bel esprit pour les goûter. L’habitude des sourires de salon et autres salles de conférence au public comme il faut.
Vlane A.O.S.A.
Source : Chez Vlane (Le 18 juin 2015)
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