La Gambie, une salle d’exposition des photos du dictateur Yahya Jammeh

La plupart des chefs d’Etats africains adorent leur image, mais en Gambie, tous les records sont battus. L’image du président Jammeh est présente partout, jusqu’à saturation.

 

De Banjul à la station balnéaire de Sénégambie en passant par le quartier populeux de Sérékunda, les posters géants sont omniprésents et incontournables.

Au milieu des jardins, sur les bords de la route, au-dessus des carrefours, au détour des ruelles, le président plane partout. Tel un monarque, on le voit toujours drapé d’un majestueux boubou blanc, bonnet blanc, lunettes noires cane et coran à la main. « C’est notre roi, il adore les photos ! », ironise Ousmane, un chauffeur sur la route qui mène à Sénégambia.

Les affiches offrent une large panoplie d’images du chef de l’Etat. On le voit parfois au milieu de jeunes écoliers, parfois seul. Plus loin, c’est un opérateur de téléphonie qui le félicite à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de la Gambie. Ou alors il survole le rond-point qui donne sur l’avenue Kairaba avec un message appelant les Gambiens à « cultiver ce qu’ils mangent et à manger ce qu’ils cultivent. »

Des billets de banque à son effigie

Obsédante, l’image du président s’est même invitée à la 56e session de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), qui s’est tenue – sans ironie – à Banjul du 21 avril au 7 mai. On l’a vue surplomber la tête des commissaires dans la salle de conférence de l’hôtel qui abritait la session. « C’est une manière d’intimider les commissaires de la CADHP. On dirait qu’il les surveille », souligne entre deux rires Omar Diallo, membre d’une association de défense des droits humains.

L’image du président Jammeh sature à tout point de vue. Et ce n’est pas fini, car plusieurs billets de banque – bientôt mis en circulation en Gambie – seront flanqués de son effigie. C’est le cas du nouveau billet de 20 dalasis (0,4 euro) qui vise à remplacer le billet de 25, selon un communiqué officiel rendu public fin février par le State House, le palais présidentiel. Un nouveau billet de 200 dalasis (4 euros) à l’effigie de Jammeh sera également mis en circulation. Ce qui fait dire à ce journaliste gambien, membre de la Gambian Press Union (GPU) que « les dictateurs deviennent toujours fous avant de tomber. »

 

Amadou Ndiaye
(contributeur Le Monde Afrique, envoyé spécial en Gambie)
 
 
 
 

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