Putsch raté au Burundi : à quoi ressemble un coup d’Etat « type » en Afrique?

Près de 84% des putschs commis sur le continent depuis 1950 l'ont été par des militaires.

 

La tentative de putsch du général Godefroid Niyombare a échoué au Burundi. Après plusieurs heures de flottement, les putschistes ont annoncé leur échec jeudi 14 mai en soirée. Si, les contours du bras de fer qui a fait rage pour le contrôle du pays demeurent flous, il semble que l'armée burundaise soit demeurée en grand majorité fidèle au Président Pierre Nkurunziza. 

Mais si l'on met de côté cet échec, la tentative de putsch au Burundi a-t-elle ressemblé à ce qui se fait "d'habitude" en matière de coup d'Etat dans les autres pays africains?

Premièrement, comme la très grande majorité des coups d'Etat en Afrique, la tentative de coup d'Etat au Burundi a été commise par des militaires. Selon l'heddomadaire Jeune Afrique, 69 des 84 putschistes africains depuis 1950 – et le début des indépendances africaines – sont des militaires. 

Si l'on ressort du placard le manuel "Coup d'Etat: un guide pratique" d'Edward Luttwak, référence du genre, on s'aperçoit que les partisans du général Godefroid Niyombare ont également suivi le mode opératoire classique. Avec dans le même laps de temps des forces armées qui ont tenté de s'emparer de la radio et de la télévision nationale – une entreprise qui a échoué – et qui ont bloqué les principales infrastructures de communication du pays. Ainsi, les soldats putschistes ont pris d'assaut l'aéroport de Bujumbara pour empêcher le retour au pays du Président Pierre Nkurunziza, qui était en déplacement en Tanzanie. Ce qui a retardé son retour au Burundi et contribué à l'incertitude de la situation.

Le schéma du coup d'Etat "parfait" par Edward Luttwak

Mais dans les évènements qui ont secoué le Burundi ces dernières heures, il y avait une faille dans le plan des putschistes si l'on s'en réfère au schéma dessiné par Edward Luttwak dans "Coup d'Etat: un guide pratique". Les hommes du général Godefroid Niyombare n'ont en effet pas pu "placer sous confinement" le président Pierre Nkurunziza et les hommes clés du régime burundais. Pendant toute la durée de la crise, la présidence du Burundi a même communiqué pour démentir un coup d'Etat, comme via ce tweet. 

 

Burundi | Présidence @BdiPresidence  ·  13 mai

La situation est maitrisée, il n'y a pas de coup d'Etat au #Burundi

 

Tout l'inverse du coup d'Etat de 1966 au Nigeria où des rebelles du sud du pays avaient pris d'assaut les résidences de gouverneurs et d'hommes clés du régime de façon simultanée et en pleine nuit dans les villes de Kaduna, Ibadan, et Lagos. Au réveil, le Nigeria n'avait plus de dirigeants – tous tués ou emprisonnés – laissant la voie vers le pouvoir libre au major Johnson Aguiyi-Ironsi.

Au Burundi, c'est maintenant le sort des putschistes qui est précaire. Selon Reuters, le général Godefroid Niyombaré a été arrêté. L'agence de presse cite le porte-parole de la présidence burundaise. "Il a été arrêté, il ne s'est pas rendu", a assuré la présidence.

Camille Belsoeur

Journaliste à Slate Afrique

 

(Photo : Le général Godefroid Niyombare s'exprime au micro de la Radio publique africaine, le 13 mai. REUTERS/Jean Pierre Aime Harerimana)

 

Source : SlateAfrique

 

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