Sauve qui peut…La démocratie arrive Par Mohamed Hanefi

La démocratie et qui te dira ce qu'est la démocratie?
Une méduse à sonnettes dont les vents sifflent sur les têtes de nos peuples et moissonnent les existences.

 

Longtemps nous avons rêvé nostalgiquement à cette légende qui nous venait de l'occident et qui nous peignait la vie par toutes les couleurs de la justice, de la liberté et du droit des peuples à se gouverner, à disposer d'eux-mêmes pour eux-mêmes en toute transparence.

Un système presque divin, ou la brebis pourrait en toute quiétude côtoyer le loup, sans peur ni le moindre bêlement de soucis.

Nous avions ardemment souhaité cet avènement heureux.  
Ah!! Combien nous avons déchanté depuis cette époque.
La démocratie est venue, et tel un ouragan a tout ravagé sur son passage.

Désormais la démocratie voudra dire autre chose. Tout autre chose, que ce que nous imaginions. Elle sentira les trippes éparpillées à perte de vue, dans la solitude de l'indifférence. Elle se présentera sous forme de ces têtes coupées, ces membres tranchés au ras des articulations, ces tortures atroces. Elle se déclarera par les déflagrations les bombes, les cris des femmes, les larmes désespérées des orphelins, perdus, les yeux révulsés vers le ciel neutre, n'espérant le secours de personne.
 

Maudis sois-tu démocratie, démons-cratie, crasses de la traitrise et de la cruauté humaine.
A différentes époques de l'histoire et poussés par les dictatures de dirigeants qui nous asservissaient, nous avons souhaitée ton ère. Nous ne savions pas.

Nous avons prié avec ferveur pour que ton ombre salvatrice, que nous croyions bénite, plane enfin sur nos terres et aplanir nos peines et notre oppression. Tu as été pire que tout ce que nous avions jamais expérimenté jusque là comme système.
 

Il se peut qu'avant de venir chez nous, tu aies été falsifiée ou pliée à la hâte en vue d'objectifs louches et macabres, qui nous sont restés inconnus.
 

Ce qui ne laisse pas de place au doute, cependant, c'est que, sous la forme dont tu t'es présentée à nos frontières, nous te maudissons. Nous te maudirons à jamais.

Kadhafi est mort déchiqueté physiquement. Humilié de façon inhumaine avant d'entrainer dans le sillage de son supplice la dignité et la sécurité de son peuple.
 

Pourtant et malgré sa soi disant "perversité", il représentait un moindre mal, que nous accepterions volontiers aujourd'hui. Sa mal instruction valait quelque chose qui a disparu en laissant un impact douloureux, un trou béant, qui ne sera peut être jamais comblé. Son pays de cinq millions d'habitants comptait plus de récitants de coran que l'Egypte, qui en comptait quatre vingt millions. Sa politique bornée des choses, au vu de certain, lui a dicté d'établir une équivalence entre la licence des sciences aveugles et sans conscience qui nous détruisent aujourd'hui, et la récitation complète de ce livre qui par la force de son influence, protégeait fermement contre ces crimes, ces pogroms, horribles et invincibles qui se sont installés chez nous.
 

La mort de Saddam Hussein a ouvert les veines de l'Irak, pour remplir le Tigre et l'Euphrate des flots d'un sang, qui semble ne jamais vouloir se coaguler. Son patrimoine culturel antique, relèvera désormais de la légende. Disparu dans les vapeurs d'une violence inexplicable qui ne dit pas son nom.
 

L'Egypte après être passée sous le rouleau compresseur de ces millions qui se rassemblaient comme par enchantement, partout et au même moment et à la même place, continue à se débattre dans ses atrocités, qui ne sont pas près de disparaitre.
 

Le Yémen a vu s'amonceler ses nuages, à son tour, avant qu'une pluie torrentielle de sang, de violences et de meurtres, ne s'abatte sur son territoire. Les tonnerres grondent encore et gronderont longtemps sur le reste des survivants de ce pays qui a vu le prophète Salomon au temps d'un printemps moins violent et d'une prophétie, plus prospère.
 

La Syrie! J'ai oublié que la Syrie existait encore. Cette machine à hacher les enfants, les vieillards et les femmes!! Cette terre qui restera symbole de la lâcheté humaine! Cette plateforme du supplice, ou des victimes innocentes, ont crié au secours au visage de l'humanité, avant de mourir, traumatisés par l'incroyable méchanceté et l'incommensurable cruauté des hommes.

PRINTEMPS !!
 

Quel maudit printemps. Un printemps ou les alizés soufflant a perte d'haleine, ont brulé nos espoirs et notre confiance en la valeur et la sagesse humaines.
 

Un printemps ou la sève des fleurs, tire son humus de débris humains enfouis partout dans ces sols de la désolation, de la destruction et de la terreur.

Démocratie!!! Quelle démocratie?
 

L'occident a entamé une opération pour nous éradiquer, non pour nous guérir. Partout ou ils sont passés, ils ont ouvert des plaies béantes et atroces, avant de s'éclipser et laisser les victimes saigner jusqu' à la mort.

Des médecins, qui ouvrent les entrailles des patients et se retirent dans la salle voisine, pour observer leur agonie brutale.
 

En général mentir, vient pour un besoin ou une nécessité. Nous analysons vainement les événements de ces catastrophes, pour comprendre pour quelle raison et à quelle fin, on nous a fait avaler ce gros mensonge, du nom de démocratie.

La tyrannie de nos dirigeants, nous laissait au moins l'espoir de les voir disparaitre par maladie, vieillesse ou évincer par un monstre plus clément.
 

Nous avions le temps de prier de tendre les mains au ciel, pour alléger nos misères ou faire disparaitre nos peines. Nous avions le temps de doubler les efforts pour nourrir les espoirs, à défaut de faire entendre nos voix au ciel.
 

La démocratie est venue trancher ces mains tendues à l'aube. Ses bombes ont fermé les bouches et éparpillé les prières.
 

Les hommes brutalement surpris dans les tréfonds de leur intimité, la plus profonde, ont perdu les notions de valeur humaine, de sacré, de sagesse, de paix, de droit, de responsabilité, du licite, de l'illicite, de la morale de la pitié, de la compassion et même de logique.

Tous ces termes ne semblaient plus être que des slogans creux et vides de sens, des redondances musicales pour calmer les inquiétudes et nourrir les espoirs. Des "trompe-naïfs", que des générations et des générations passées, se sont passés, dans l'hypocrisie la plus spectaculaire de l'histoire humaine. Un peu comme si les hommes jusque là avaient voulu se doper de ces narcotiques pour calmer des rages innées qui sommeillaient dans les cœurs attendant un moment fatal pour semer le désordre, le désarroi et la mort.

L'ancienne vertu, chère à l'hypocrisie humaine de tendre la main aux semblables, pour préserver la vie, guérir des maladies et sauver des dangers, semble avoir accouché du monstre des agressions et des génocides dans une approbation collective et générale des maitres de la décision. Les tenants de la bride du monde.

Une preuve incontestable que l'homme est un loup pour l'homme.
Conformément à la règle confortable, de la raison du plus fort, un nouveau système, à visage découvert va régir les relations entre hommes. Une sorte de jeu d'échec, ou les pions ne sont autres que des peuples et ou la scène affiche le visage aigre doux de cette fameuse démocratie.
 

L'homme, libre au sens absolu du terme est un monstre déchainé dans le monde.

Si la religion islamique, religion enseignée par tous les prophètes a recommandé d'obéir à Allah, au messager et au guide, c'était pour garantir un certain ordre. Une certaine marge d'organisation pour permettre aux sociétés de fonctionner dans la paix. Devant Allah, tous les hommes sont égaux, dirigeants et dirigés. Mais la bonne marche d'une société exige un certain ordre, qui ne peut être obtenu dans l'anarchie, sœur jumelle de notre démocratie actuelle.

Ce sont les dirigeants qui ont perverti l'ordre normal du rapport initialement venu de Dieu.
Les premiers califes, comme Omar ibn al Khattab vivaient sous le seuil de la pauvreté. Ils avaient encore à l'oreille la résonnance fraiche et impérieuse des commandements de Dieu. Ils servaient et ne se servaient que pour rester en vie.
 

C'est plus tard que la mutation des occupants des trônes s'est faite. Alléchés par les fastes du monde les délices du pouvoir, et la mollesse des fauteuils, ils ont plié les dogmes en leur faveur et à leur convenance. Leur but se réduisant ainsi et exclusivement à grandir les fortunes et les influences

Les peuples pressurés, asservis par ces falsifications méthodiques et que la succession des siècles a dénudées, ont commencé a souhaité le changement.
 

La question était vers quel changement ils allaient aboutir.
La démocratie tant chantée, par des sociétés qui ignoraient les coups d'états et les troubles de guerres civiles, était à leurs yeux un havre de paix et de justice salutaire, qui allaient les délivrer définitivement de leurs calvaires. Ils ne pouvaient concevoir que ce système là n'était pas le leur…ils ne pouvaient s'imaginer que la réalisation de leur rêve tant attendu, les réduirait au statut de simples cibles, de vulgaires proies que les nouveaux rapaces du ciel, s'entraineraient à réduire en décombres.
 

Démons-cratie, que de malheurs tu as laissés sur ton passage.
 

Mohamed Hanefi

Koweït

 

(Reçu à Kassataya le 27 mars 2015)

 

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