Le président mauritanien a appelé cette semaine la communauté internationale pour une aide aux réfugiés maliens en Mauritanie dans le cadre de sa tournée dans les Hodhs à l'Est du pays et a laissé espérer une inflexion dans la solidarité internationale.
Pour les observateurs Ould Aziz instrumentalise ainsi sa politique africaine dans un contexte de crise politique intérieure qui perdure. Une déclaration qui intervient quelque jour après que les autorités de Bamako aient régularisé l'état-civil de plus de 7000 enfants réfugiés mauritaniens nés sur le sol malien.Le numéro un mauritanien cultive ainsi l'ambiguïté d'une politique de bon voisinage alors qu'il a déjà tourné le dos à la réconciliation nationale depuis juillet 2009.
Encore une fois le président mauritanien n'a pas lésiné sur les moyens pour effectuer une tournée de 10 jours dans les Hodhs à l'Est du pays.L'occasion pour Ould Aziz d'insister sur la situation économique difficile de ces deux régions véritables bastions électoraux de l'UPR, la parti de la majorité. Les observateurs nationaux soupçonnent ce périple comme une première étape du président pour vendre le référendum qu'il serait tenter de demander aux mauritaniens pour valider le ticket d'un régime parlementaire.
Mais le chef de l'Etat n'a pas manqué l'occasion pour demander plus d'aide à la communauté internationale pour le s 70 000 réfugiés maliens dans les camps de Mbera ayant fui la guerre dans le Nord du pays entre 2012 et 2013. Un appel que les observateurs soupçonnent d'instrumentalisation de la politique de bon voisinage alors que d'autres réfugiés mauritaniens au Sénégal attendent toujours de rentrer au bercail sans oublier que les plus de 20000 déjà rentrés ne sont toujours pas bien intégrés dans la société mauritanienne. Ce sont les autorités de Bamako qui viennent de faire un geste pour régulariser l'état civil de plus de 7000 enfants réfugiés mauritaniens nés sur le sol malien. La question fondamentale ce n'est pas de demander une inflexion de la solidarité internationale pour venir en aide des réfugiés maliens en Mauritanie mais d'ouvrir de nouvelles perspectives pour les anciens déportés mauritaniens. Cette question nationale ne figure pas sur la feuiille de route du président mauritanien réélu en 2014 pour un deuxième quinquennat.Une remise en cause de la réconciliation nationale qui risque d'être aggravée si Ould Aziz dirige toujours le pays au moment où il fait planer à Nouakchott l'ombre d'une révision constitutionnelle pour un régime parlementaire.Ce n'est pas un hasard s'il a choisi de commencer une visite par ses électeurs des deux Hodhs. Une façon bien commode de les responsabiliser plus tard.
Bakala Kane
(Reçu à KASSATAYA le 21 mars 2015)
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