La Mauritanie a célébré le 6 mars dernier, la journée nationale de lutte contre les séquelles de l’esclavage.
Un non-évènement pour plusieurs organisations antiesclavagistes qui considèrent que la Mauritanie doit s’atteler à lutter sincèrement contre l’esclavage, plutôt que de se lancer dans une course promotionnelle derrière des slogans « poudres aux yeux ».
« C’est vraiment une aberration et le summum de l’hypocrisie que de fêter une journée destinée à la consommation internationale et sensée être dédiée aux « séquelles de l’esclavage, au moment où les antiesclavagistes croupissent en prison et que les esclavagistes sont en liberté, avec des dossiers couverts par la loi de l’Omerta dans les couloirs de la justice ! » Parmi les réactions exprimées suite à la célébration le 6 mars dernier de la journée nationale de lutte contre les séquelles de l’esclavage, celle de Hamadi Ould Lehbouss, conseiller du président d’IRA, Birame Dah Abeid, emprisonné selon lui « pour son combat contre l’esclavage en Mauritanie » semble être la plus virulente. Il estime que cette date qui coïnciderait avec l’adoption de la Feuille de route de 2014, « est aussi fallacieuse que le document fantôme qui lui sert de prétexte ».
Les organisations qui luttent contre l’esclavage en Mauritanie, en particulier le mouvement IRA, SOS Esclaves et El Hor, totalement absents lors de la journée en question, estiment en effet qu’aucun des 29 points contenus dans la Feuille de route signée sous la supervision de l’ancienne rapporteuse des droits de l’Homme à l’ONU chargée des questions sur l’esclavage, n’a encore vu un début d’exécution, et que le tribunal institué pour juger des cas avérés de l’esclavage n’a à ce jour vu le jour. Ces organisations considèrent que l’Etat mauritanien joue d’expédients à coups de slogans creux, prenant des décisions institutionnelles tous azimuts uniquement pour berner la communauté internationale, alors qu’en réalité la pratique de l’esclavage est protégée et ceux qui luttent contre sa pratique sont poursuivis en justice et emprisonnés.
Certains observateurs s’inquiètent même de la connivence d’une partie de la communauté internationale, notamment le Haut Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève et de son représentant en Mauritanie, qui semblent cautionner la mauvaise volonté de l’Etat mauritanien à lutter réellement contre l’esclavage. Ces mêmes observateurs s’inquiètent également du silence des organismes internationaux des droits de l’homme face aux dangereuses violations enregistrées ces derniers temps en Mauritanie, notamment les procès mal ficelés ayant visé les militants d’IRA et l’emprisonnement du chanteur Hamada, sans compter les violations des droits des prisonniers objets de tortures et de maltraitances.
Si une large frange des acteurs politiques, tels que l’UPR et l’aile d’El Hor dirigée par Mohamed Ould Borboss, ont salué l’instauration d’une journée nationale contre les séquelles de l’esclavage, d’autres ont réclamé l’application dans les faits de l’esprit contenu dans cette célébration. Il s’agit entre autres selon ces acteurs, de consolider et de parfaire l’arsenal juridique relatif à l’esclavage, notamment le tribunal chargé de juger les cas avérés.
JOB
Source : L'Authentic.info
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