Profondément désolé cher pays

Surtout respirez et prenez le temps de douter de tout ce que je vais vous dire. Doutez et "re-doutez" jusqu'aux confins de vos possibilités de doute.

 

Peut être que c'est mieux ainsi et moins douloureux.
 

Je me suis souvent posé des questions. Des monologues qui me cassaient douloureusement le dos. Alors j'ai dit : pourquoi ne pas distribuer mon fardeau sur les dos de tous les mauritaniens. Et bien entendu, à tout seigneur tout honneur, je me déleste d'abord, et avant tout sur les dos des mauritano-gouvernement.

Il est urgent et plus juste de déterminer la limite entre mon droit et mes libertés de souiller et le droit de cette terre à conserver un peu de sa dignité.
 

Longtemps, comme le clamait feu Yasser Arafat, nous avons cru que les bourrasques certes déchainées de ce nouveau monde, ne pouvaient ébranler les montagnes de foi et de vertu que nous ont léguées nos mères et nos pères.

Nous nous sommes bougrement trompés.
 

"Je viens d'un pays ou les habitants ne mangent la viande qu'une fois tous les cinq ans." Fin de citation. Ce sont les paroles d'un concitoyen qui venu de chez nous pour demander la charité en notre nom, n'a trouvé autre chose que de nous rouler dans la fange.
 

Un pays ou le nombre de chameaux de vaches et de moutons dépasse des dizaines de fois le chiffre de la population!!

Sans parler du poisson, ne serait-ce que le "yaye boy", mais qui ne mange la viande qu'une fois tous les cinq ans!!!!
 

Doutez de tout ce que je dis. Si vous voulez.
 

Peut être que ces paroles sont tombées un jour dans les oreilles de l'un de nos ambassadeurs, qui hors de lui et profondément offensé par ces âneries,  a résiliés des résidences signées par un autre pour ces voyageurs de circonstances.
 

Et nous avons continué à voyager. Partout dans le monde.
 

Si le voyage est le grand livre du monde, il tue cependant beaucoup de ses lecteurs.

El Hourra-info : "Des mauritaniennes esclaves sexuelles dans des palais d'un pays du Golfe." Affaire de wikileaks, commentée par l'ambassade des états unis d'Amérique etc.…etc.
 

Vous en avez tous, entendu parler.

Mais doutez.

A l'entrée de Médine, la ville du prophète, ma femme et moi demandons l'adresse d'une tante, résidente dans cette terre sainte, (Allah l'accueille au Paradis). Un citoyen de la ville nous dit impoliment, et sans sourciller " Ici, pendant la nuit seules les chattes et les mauritaniennes circulent." J'eu envie de lui casser quelque chose mais me ressaisissant, je me rappelai que j'avais avec moi une femme et des enfants. Je ne pouvais moisir en prison ici.

Ici moi je doute.
 

Une vraie femme ou fille de chez nous, quelle que soit sa couleur et son appartenance sociale, ne descendrait pas aussi bas.

La réalité est que la réalité est autre.

Il y a tout un réseau, qui s'occupe de tromper ces femmes, qui pensent aller en terre sainte pour "se marier", pour tomber ensuite dans le piège de soucis sans fin.

Falsification de résidence, vie incognito dans la peur, chaque minute, de tomber entre les mains des services de l'intérieur et par conséquent, elles deviennent des fruits murs prêtes à être cueillies par toute machine de perversion aux aguets pour consommer ce genre de proies affolées, inexpérimentées et sans défense.
Une seule porte reste ouverte: La prostitution.

Des filles entre cinq et douze ans d'âge, qui se glissent entre les doigts de leur pays pour constituer un objet de souillure et de honte.

Un pays ou le plus pauvre d'entre les pauvres, le plus démunis d'entre les démunis, préférerait mourir mille fois, plutôt que de drainer la honte à sa famille!!

Comment peut-on expliquer ce phénomène que par une négligence impardonnable de ceux qui sont en charge de contrôler ceux qui sortent du pays et ce qu'ils font du passeport qui leur est délivré?
 

Celui qui se demande comment sera la Mauritanie de demain, ne doit plus chercher plus loin. La voilà. Elle est largement définie et peinte par la sculpture de notre comportement d'aujourd'hui.

Les sociétés secrètent en leur temps, les contours de l'échelle de leurs valeurs morales.

Un pays peut-il espérer survivre, en ayant les portes et les fenêtres ouvertes sur toutes les tendances, toutes les théories, toutes les folies de ce monde, sans aucun filtre ni censure?

C'est un suicide.

Quand je pense qu'un jour, à l'intérieur de ma cour fermée, dès que j'ai sollicité un maçon avec intention d'ajouter quelques briques à mon "Mbar", tombé en désuétude à cause de ma longue absence, une voiture de "l'administration" est venue sur les chapeaux de roues pour me demander si j'avais le "permis" d'augmenter mon mur.
 

Je me demande qui délivre le permis de souiller le pays et d'en donner une telle image au monde?
Qui donne l'autorisation de sillonner la planète pour vendre tout ce que nous avons, par des droits acquis d'on ne sait ou.
 

Qui délivre le droit d'exporter nos petites filles pour amuser les riches ?
 

Et depuis quand la richesse a-t-elle toute cette influence sur les coutumes et les traditions d'un peuple, qui ne demandait rien à la vie à part la conservation de son intimité et le respect de ses valeurs?
 

De quel droit brade t on notre originalité contre des valeurs des formes et des couleurs qui nous sont étrangères?

Peut être sommes nous déjà vendus sous d'autres cieux, à des titres et à des tiers qui ne nous sont pas dévoilés.
 

De quel droit vend-on ce que nous avons de plus cher?

Et de quel droit a-t-on le droit de nous vendre? De nous rouler dans la boue? De nier notre amour propre, notre droit d'être ce que nous sommes, ce que nous voulons être, pour des paramètres incertains des valeurs inconnues et à des prix dérisoires?

Ce n'est pas en criant noblesse, qu'on acquiert ses titres de noblesse. La noblesse a une autre définition plus rigoureuse et mieux appréciée. La noblesse est plutôt un voyage qu'une destination.
 

Peut être devons nous dire à tous ceux qui nous achètent à notre insu, à tous ceux qui nous méprisent par le prisme et à travers le tableau de ceux qui prétendent parler en notre nom, que nous ne sommes pas concernés par ces contrats falsifiés clandestins et malhonnêtes.
 

Des pactes nuls et non avenus, parce que l'une des parties, la partie principale, est manipulée à son insu.

La Mauritanie est souvent présentée, à l'extérieur, par ce qu'elle n'est pas. Ce qu'elle n'a jamais été et surement ce qu'elle ne sera jamais.
 

Le mobile est toujours le même: un peu d'argent contre des valeurs que les trésors du monde ne peuvent acheter.

La récompense de "Moundrich", l'écureuil: "Je te tue, mais je vais remplir ta peau de mes bijoux."
 

Ceux qui pensent que l'argent est toute chose, sont prêts à tout pour l'acquérir.

Cette catégorie de personnes n'existait pas chez nous.
 

D'ailleurs nous n'avons jamais témoigné un tel amour pour les biens de ce monde. Nous avons toujours vécu par des moyens austères dans une dignité invendable.
 

Qu'est ce qui nous arrive aujourd'hui????????????
 

Pardonne-nous terre des hommes, sur laquelle prospèrent des humanoïdes qui ne savent plus qui ils sont.
Que soit maudite toute subsistance qui ternit le visage de siècles de fierté et de foi.

Et que soit mille fois maudit tout honneur ou tout confort qui repose sur les ruines de l'authenticité et la chaste pureté de ce peuple.

Rappelons-nous seulement qu'il n'est pas une erreur de rebrousser chemin quand on a emprunté une fausse route.

Mohamed Hanefi

Koweït.

 

(Reçu à Kassataya le 3 mars 2015)

 

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