Solidarité, où es-tu ?

Biram Ould Abeid croupit en prison depuis le 15 janvier dernier. « Tant mieux » diraient certains que l’incarcération semble bien réconforter.

 

Il s’agit des acteurs politiques, certains militants des droits de l’homme, mais surtout ces pseudo-intellectuels qui l’ont rayé de leur bloc-notes et effacé son contact de leur téléphone.

Cette attitude serait bien comprise s’il s’agissait d’un prisonnier de droit commun… Hélas ! Biram pourra entamer une grève de la faim ; il pourra crever dans sa cellule, cela n’éprouvera personne ! Pourtant, ne serait-ce que pour ce qu’il a apporté dans le champ des libertés dans le pays, cet homme mérite la solidarité.

Et il la mérite d’autant plus que le véritable mobile de sa condamnation reste son combat pour la liberté de l’homme dans notre pays. Hélas, mille fois hélas !… A entendre ce qui se dit dans les salons huppés de Nouakchott, en parcourant le Net et en découvrant les médias notamment audiovisuels, d’aucuns ont appris quelle est la véritable nature des intellectuels dans notre pays. En fait, devant cette situation, on est forcément atteints par la nausée. Il est terriblement triste de lire des conneries et des insultes adressées à Biram et à travers lui, à sa communauté, sur des bases qui sont loin d’être honorables pour le pays. C’est écœurant et désolant !


Aujourd’hui, le vase est creux. Il est communautaire jusqu’à la lie. Il est nauséabond comme la racine ambiante qui " dévore " l’existence de nos piteux intellectuels, notamment ceux-là qui sont tapis dans l’ombre de l’obscurantisme. Ce que l’on nous offre aujourd’hui dans les salons, dans la toile et même dans la presse audiovisuelle et écrite, c’est l’image d’une Mauritanie puante d’intolérance, de racisme et de renégats experts dans la surenchère. C’est la Mauritanie de la haine, de la démesure et de l’égarement.

Les intellectuels ou ceux qui prétendent l’être ne doivent pas entretenir la haine entre nos communautés. Ils ne doivent pas abreuver le champ d’insultes et de propagation de la haine raciale en utilisant l’affaire Biram pour s’en prendre à sa communauté. C’est abject. Chacun a certes la possibilité de dire ce qu’il pense. Mais nul ne doit faire l’apologie de la suprématie raciale, ethnique ou communautaire. La Mauritanie va suffisamment mal aujourd’hui pour qu’elle ait besoin d’autre chose que de la bonne parole, de la modération et de la voie juste. Celle qui tend à rapprocher les positions et à raffermir l’unité de nos composantes dans le respect de chacune dans ce qu’elle a de plus sensible et de plus digne. Faire un acte de foi à la Mauritanie et parier sur son avenir passe par-là et non par les insultes de petits apprentis intellectuels qui n’arrivent pas à sortir de leurs carcans idéologiques désuets.

Les Mauritaniens ne sont pas obligés d’être tous d’accord sur une option ou sur une autre. Ils ne sont pas obligés de soutenir n’importe qui. Mais, à la limite, ils doivent se respecter quelles que soient leurs divergences. Le monde qui tente toujours de découvrir notre pays et son peuple nous regarde. Prenons garde à ce qu’il ne nous méprise pas. Au rythme d’évolution des choses, cela n’est pas exclu. Tellement l’image que nous donnons de nous-mêmes est négative.


Insulter toute une communauté, traîner dans la boue certains de ses concitoyens et consacrer toute son énergie à opposer les Mauritaniens sur des bases racistes et sectaires est indigne et vil. Il revient aux administrateurs des supports médiatiques mais aussi à l’administration publique de revoir leurs clauses de traitement avec les auteurs qui remplissent des grilles de programmes ou qui noircissent fréquemment leurs pages de balivernes, dignes des hommes des cavernes.

Nous répugnons ceux qui profitent des opportunités telle celle qu’a offerte l’emprisonnement de Biam à Aleg pour se hisser au Panthéon et jouer au m’as-tu-vu pour le seul et unique dessein de se faire une place au soleil. Nous vomissons ceux qui entretiennent la flamme de la division de notre peuple. Nous rejetons les obscurantistes aveugles, les extrémistes myopes et les nationalistes crasseux. Leur place est ailleurs. En tout cas, pas en Mauritanie. Parce qu’ils ne sont pas pour la Mauritanie.

Amar Ould Béjà

 

Source : L'Authentic.info

 

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