Une exposition de photos actuellement présentée à Nouakchott illustre les conditions difficiles que connaissent les femmes et les jeunes dans la région du Sahel.
"Le Sahel fait face à une foule de défis, dont le plus important est le fait que les jeunes sont devenus les victimes des groupes extrémistes et du crime organisé, de la drogue, du terrorisme et de la violence", a déclaré l'artiste et photographe mauritanienne Malika Diagana à Magharebia lors du vernissage de son exposition, le 13 janvier.
Ces clichés, exposés à l'Institut français de Mauritanie jusqu'au 5 février, attirent l'attention sur ces circonstances culturelles, sociales et économique, a-t-elle expliqué.
"Les femmes du Sahel jouent un rôle en éduquant leurs enfants à ne pas devenir les victimes de l'idéologie obscurantiste et de groupes dont l'objectif est de semer le chaos", a-t-elle ajouté.
Et de poursuivre : "Les femmes éduquées doivent toujours s'efforcer de promouvoir une culture de la paix et de la sécurité, en élevant leurs enfants dans un climat de coexistence et d'harmonie."
Pour elle, "les familles d'aujourd'hui ne doivent pas se limiter au rôle de chef traditionnel, c'est-à-dire à celui du père".
"Les deux parties doivent collaborer pour guider et éduquer les enfants, et les aider à traverser les différentes étapes de leur vie, pour leur permettre d'échapper aux déviances", souligne-t-elle.
L'art permet d'exposer "toutes ces choses qui nuisent aux sociétés", conclut-elle.
Pour les visiteurs de l'exposition, les artistes peuvent contribuer aux efforts en matière de sécurité.
"Aujourd'hui, nos actions doivent être rapides et efficaces, compte tenu de l'augmentation du nombre d'attaques terroristes dans les pays du Sahel", explique Moussa Tandja, enseignant dans le secondaire, qui relève que l'art fait partie intégrante de la contre-offensive.
"L'art joue un rôle important dans la sensibilisation des jeunes, pour faire face aux trafics et au terrorisme dans le Sahel", estime-t-il.
Pour cet enseignant, le sujet constitue une urgence.
"L'étape que traverse actuellement le Sahel demande les efforts concertés de tous les acteurs, notamment des artistes, des responsables politiques et des militants sociaux, pour délivrer un message de paix et sensibiliser les populations à ce qui se produit dans la région en termes de problèmes contre-productifs pour la coexistence et la stabilité", précise-t-il.
Un autre visiteur de l'exposition possède une connaissance directe de la manière dont l'intolérance et la discorde peuvent menacer un pays.
"Je viens du nord du Mali où nous rencontrons des problèmes dûs à la diversité culturelle et ethnique", déclare Mohamed Ag Ahmedu, un jeune activiste touareg.
"Le message de cette exposition, qui montre le magnifique visage de la diversité et de la coexistence pacifique, nous touche directement", explique-t-il.
En outre, elle "incarne la façon dont ethnies et cultures se confondent au Sahel", poursuit le jeune Touareg.
Jiddou Ould Ahmed, président de l'Union des jeunes démocrates, a également visité l'exposition. Pour lui, l'exclusion sociale, le chômage et la "marginalisation systématique des jeunes" figurent parmi les causes du terrorisme.
Et en matière de dissuasion de l'extrémisme, les leçons commencent à la maison.
"Les femmes peuvent jouer un rôle important au Sahel", affirme Ould Ahmed. "Mais, en raison des coutumes et des traditions, elles sont confrontées à l'exclusion."
"Pour combattre le terrorisme, il faut disposer d'un plan intégré, comprenant la sensibilisation des femmes qui représentent la moitié de la société", ajoute-t-il.
Mais, ainsi que l'explique à Magharebia la militante des droits de l'Homme Makfula Mint Ibrahim : "Les femmes du Sahel ne possèdent pas les capacités financières et scientifiques nécessaires pour guider les jeunes et, par conséquent, les terroristes soustraient les jeunes aux femmes et les soumettent à un lavage de cerveau."
A travers ses clichés, la photographe mauritanienne Malika Diagana veut montrer qu'en autonomisant et en éduquant les femmes, et en leur permettant d'élever et de guider leurs enfants, c'est à toute la population de la région que l'on vient en aide.
Jemal Oumar à Nouakchott pour Magharebia
Source : Magharebia (Le 21 janvier 2015)
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