Envoyer sur la Lune un engin spatial entièrement "made in Africa", lancé par une fusée africaine. Un projet ambitieux et sept questions-réponses pour tout comprendre.
Qui sont les initiateurs de ce projet
Le projet Africa2Moon est porté par une fondation créée par le chef du laboratoire spatial de l'université du Cap en 2009, Peter Martinez. À but non lucratif, cette fondation est aujourd'hui dirigée par Jonathan Weltman avec aussi et surtout pour projet pédagogique : inspirer aux étudiants africains l'envie de poursuivre des études scientifiques et stopper la fuite des cerveaux de ceux qui sont déjà formés vers les pays développés.
Africa2Moon est-il un projet réaliste ?
Les clichés sur une Afrique pauvre et privée de technologie ont la vie dure et n'incitent pas à l'investissement. Mais c'est justement pour combattre ces idées reçues que les initiateurs du projet se sont lancés dans l'aventure. "Nous sommes confrontés à beaucoup d'afro-pessimisme", déplore Jonathan Weltman. "Tout ce qui est optimiste, ce qui vise à nous tirer vers les secteurs de pointe, est reçu avec scepticisme. Mais je suis convaincu que l'Afrique peut le faire, sans aucun doute."
Pourquoi l'Afrique du Sud ?
L'Afrique du Sud est l'économie la plus développée d'Afrique, et elle possédait un programme nucléaire et de fusées sous le régime d'apartheid, avant l'arrivée au pouvoir de Nelson Mandela en 1994. Mais la fondation veut faire du projet lunaire un projet panafricain.
Qu'en est-il du savoir-faire et des talents ?
Le dernier succès "spatial" de l'Afrique est d'avoir obtenu en 2012 l'installation en Afrique du Sud d'une grande partie du super-radiotélescope international SKA. Ses antennes iront fouiller jusqu'aux confins du big bang et des trous noirs avec des moyens encore jamais mis en oeuvre par l'humanité. Cette décision d'implanter en Afrique le SKA "prouve qu'il y a évidemment les savoir-faire et les talents ici (en Afrique), ainsi qu'un très grand intérêt", assure l'un des responsables du projet Adrian Tiplady. Quant au projet lunaire, baptisé "Africa2Moon", "c'est certainement faisable, nous avons l'expertise pour concevoir, développer et lancer un tel vaisseau", poursuit Adrian Tiplady.
Pourquoi un projet sur la Lune et pas sur Ebola ?
Et pourquoi pas la Lune ? Pour l'enthousiaste scientifique, avec ce projet, chaque enfant africain pourra sortir devant chez lui, lever les yeux au ciel et partager sa fierté avec tous les habitants du continent, qui a récemment dépassé le milliard d'êtres humains. Et à ceux qui lui conseillent de dépenser de l'argent pour lutter contre le virus Ebola au lieu de rêver à la Lune, Jonathan Weltman répond que l'éducation est le meilleur investissement possible pour aider au développement de l'Afrique.
Comment puis-je soutenir le projet ?
Les Africains ou citoyens du monde connectés à Internet peuvent déjà prendre connaissance du projet, et même contribuer à son financement, sur http://africa2moon.developspacesa.org. La campagne a commencé très modestement : la Fondation pour le développement spatial, basée au Cap, a lancé une collecte de fonds par Internet avec l'objectif de ramasser 150 000 dollars d'ici à la fin janvier pour lancer une étude de faisabilité. À trois semaines du but, les dons se montent à… 13 000 dollars.
Et si l'objectif n'est pas atteint ?
Les initiateurs de ce projet promettent de continuer, quel que soit le résultat de cette première collecte de fonds. La maigre somme récoltée pour l'heure est une déception pour Jonathan Weltman, qui note pourtant que "la réaction des médias et de l'industrie a été extrêmement positive et encourageante". Le projet prévoit de lancer l'étude de faisabilité d'ici fin novembre, avant la présentation du projet lors d'une conférence internationale. "La réaction des donneurs a été plus lente que prévu, mais elle s'est accélérée dans les premiers jours de janvier. Nous restons optimistes quant à nos chances d'atteindre notre but. Lors de cette campagne, ou grâce à d'autres appels de fonds que nous lancerons au premier trimestre."
Source : Le Point Afrique
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