Réagissant à l'attentat qui a frappé l'hebdomadaire Charlie Hebdo ce 7 janvier, le magazine tunisien Leaders alerte : peu importe la nationalité ou la foi que pourraient invoquer les responsables, elle ne serait qu'un prétexte.
Le monde, celui de la culture et des arts surtout, est aujourd'hui en deuil. Des victimes innocentes sont tombées à la suite d'une attaque terroriste visant le journal Charlie Hebdo. Parmi elles, les géniaux dessinateurs engagés Cabu, Charb et Wolinski et Tignous.
Bien sûr, le doigt accusateur est prompt à désigner les lâches criminels qui seraient des terroristes intégristes, à l’idéologie essentialiste, que l'impertinence du journal ne pouvait que déranger.
Sont-ils des islamistes ou des fascistes profitant des turpitudes d'un certain islam mis en évidence par Daech?
Peu importe leur foi ou leur nationalité ; car s'agissant de la religion, elle ne saurait qu'être fausse, juste un leurre, la foi musulmane authentique condamnant le plus sévèrement ce genre de forfait horrible.
Quant à leur nationalité, ils ne peuvent représenter aucune nationalité de l’humanité, relevant plutôt de celle de l'inhumanité, bien plus encore que de l’espèce inférieure qu’est la bestialité.
Sortir de la confusion
Ce crime ne manquera pas de susciter bien à raison la vague d'indignation et de protestation que mérite toute victime innocente ; or, l'aura et le talent des disparus de Charlie ne peut que l'augmenter et l’amplifier.
Pour nous musulmans, que de supposés coreligionnaires soient effectivement impliqués ou non dans ce crime, cette abomination est une énième et même ultime interpellation, mettant l'accent sur l'absolue urgence de clarifier nos valeurs, sortir de la confusion que l’on entretient à dessein et à tort.
Les racines démocratiques de l'islam doivent être mises en évidence et son attachement aux principes humanistes soulignées solennellement, et ce en mettant fin au plus vite au moindre embrouillement marquant nos valeurs et nos attitudes, comportements et réactions à l’égard de certaines questions sensibles relevant des droits humanistes.
On doit prouver concrètement que notre foi cultive un humanisme intégral, l’islam étant d’abord spirituel. Ce sera le meilleur des hommages à rendre aux illustres victimes d'aujourd'hui, l’hommage digne de ces si magnifiques artistes fauchés par la bêtise humaine.
On doit ainsi toiletter nos lois, nos actes et nos discours de la moindre manifestation de barbarie susceptible de nourrir les amalgames, les intolérances et les horreurs.
Farhat Othman
Sourc e: Leaders via Courrier international