Procès de Biram et de Ould M’Khaittir : Deux procès… pour quelles peines ?

La Mauritanie va connaitre ces deniers jours deux procès, presque simultanément, qui devraient marquer son histoire. Il s’agit de celui de Ould M’Khaittir, du nom du jeune de Nouadhibou, auteur d’un article blasphématoire et de Biram et ses compagnons accusés de trouble à l’ordre public et d’appartenance à organisation non reconnue.

 

Coïncidence ? Pour nombre d’observateurs, il n’en s’agit pas d’un ; l’Exécutif aurait conduit le Judiciaire à un tel scénario qui permet de banaliser quelque peu l’un et l’autre cas en diversifiant les centres d’intérêt de l’opinion publique.

Aujourd’hui mardi, doit s’ouvrir à Nouadhibou, le procès du jeune Ould M’Khaittir accusé d’avoir produit un pamphlet contre le prophète Muhammed (PSL). Demain mercredi, ce sera au Tribunal de Rosso, d’entamer le procès de IRA du nom de Biram et de ses huit codétenus arrêtés il y a 45 jours dans une manifestation pourtant pacifique. Selon nombre d’observateurs, l’Autorité publique a exprès et en toute conscience, décidé de tenir les deux procès presque simultanément. Et ce serait l’affaire de Ira qui aurait entraîné celle de Ould M’Khaittir. De sources informées, le procès du jeune homme de Nouadhibou n’avait jamais été envisagé à court terme. Instruite par un juge d’instruction il y a huit mois, elle avait été classée dans les tiroirs en attendant qu’une opportunité s’offre à la justice ou plus particulièrement aux pouvoirs publics.

Juger ce jeune dont le sort était scellé d’avance par les populations mais surtout par les imams, les érudits et autres groupements religieux, relevait d’un défi que le pouvoir de Ould Abdel Aziz ne tenait pas à vivre. La situation était d’autant plus inconfortable pour le chef de l’Etat que des voix de plus en plus fortes se sont élevées dans quelques parties du monde, notamment en occident, pour que le droit et uniquement le droit soit observé. Il s’agissait pour ceux-là d’amener le justice mauritanienne à prendre en compte le droit à chaque citoyen d’exprimer ses vues et son droit à l’expression ! Placé entre le marteau de cet occident et l’enclume des forces religieuses, le président Ould Abdel Aziz a toujours préféré laisser la situation en l’état. Seulement, entre temps, des événements se sont produits qui vont l’amener à changer peu ou proue de dispositions.

D’abord il y a eu l’affaire de IRA. Les militants de cette organisation arrêtés depuis le 11 novembre dernier, ont été placés en garde à vue à la brigade de la gendarmerie de Rosso puis en détention provisoire dans la prison centrale de cette ville. Une arrestation qui a fait une véritable tâche d’huile en Mauritanie comme dans le reste du monde. La Maison blanche comme l’Elysée se sont fiat siennes l’affaire. Il s’agissait quand même de l’arrestation d’un militant des droits de l’homme, qui plus, a obtenu le prix des Nations unis sur les droits de l’homme pour un combat aussi noble et respecté que celui de la lutte contre l’esclavage. Biram et ses codétenus ne pouvaient pas rester longtemps sans jugement ! Autre fait qui a précipité le procès de Ould M’Khaïttir, les sanctions prises la semaine dernière par le Parlement européen contre la Mauritanie. C’est en effet, entre autres, en réaction à cette attitude des Parlementaires européens que Ould Abdel Aziz s’est décidé à tenir ledit procès. L’occasion pour lui de jouer sur le mental des dirigeants européens, mais aussi sur la société civile occidentale très attentive au procès de Nouadhibou.


Pour autant, Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas totalement libre dans ces deux procès. Sur le plan local, il devra tenir compte de la force des organisations religieuses qui ne toléreraient pas un verdict autre que la condamnation à mort de Ould M’Kh’aïttir. Dimanche, en prélude aux réactions de ces forces, une initiative dite populaire a été mise en place à Nouadhibou. Celle-ci a mis le pouvoir en garde contre un simulacre de procès dans l’affaire de Ould M’Khaytir. Dans un communiqué rendu public ce lundi, l’initiative déclare qu’elle exige l’application de la loi envers l’auteur de cet article « pour que cela serve d’exemple à l’avenir à tout celui qui sera tenté de tenir de tels propos ».
 

Même état de fait dans le procès de Rosso. A quelques six cents kilomètres de Nouadhibou, Biram Ould Abeid est lui aussi la cible de groupements religieux qui ne lui ont jamais pardonné son autodafé, mais plus de cercles esclavagistes qu’il a acculées ces dernières années dans le lutte qu’il mène pour l’éradication de cette tare.


MOMS

 

Source : L'Authentic.info

 

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